Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Nabli, a mis en garde contre le risque de "dérapage économique" en cas de persistance des troubles sociaux qui perturbent la production et les exportations.
Deux mois après les troubles qui ont conduit à la chute du régime du président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier dernier, l'économie tunisienne a pu tenir le coup, a-t-il noté.
Parmi ce qu'il considère comme des "facteurs positifs", il a cité des réserves monétaires qui se montent aujourd'hui à 12,2 milliards de dinars (6,32 milliards d'euros) contre 13 milliards de dinars (6,73 Mds euros), soit 139 jours d'exportations contre 147 jours en décembre dernier.
Les transactions bancaires se sont parallèlement poursuivies à un "rythme normal" et la BCT a continué d'approvisionner les banques en liquidités.
Côté négatif, il a relevé l'arrêt de nombreuses entreprises, la chute des investissements et la quasi-paralysie du secteur touristique, deuxième pourvoyeur du budget en devises étrangères qui contribue à 6,5% au PIB et emploie près de 400.000 personnes.
Sans tirer la sonnette d'alarme, le gouverneur de la banque centrale, considéré comme le baromètre de l'économie du pays, n'a pas caché ses appréhensions quant aux perspectives d'avenir si l'appareil économique ne se reprenait pas son fonctionnement normal "le plus tôt possible".
"L'instabilité a eu un coût économique énorme et l'impact sera plus grand si la production et les exportations continuent de suivre une courbe descendante", a-t-il prévenu.
Pour éviter tout risque, cet ancien responsable de la Banque mondiale a jugé impératif une reprise rapide du travail dans les entreprises et que celles-ci recouvrent leurs marchés extérieurs en préservant leur compétitivité. "Il nous faut aussi sauvegarder nos équilibres financiers intérieurs et extérieurs", a-t-il déclaré en lançant un appel aux Tunisiens à faire preuve de "sens de la responsabilité" pour préserver les emplois et en créer de nouveaux.
