Quand le pdg se sent obligé de justifier une acquisition

Publié le 16/12/2013 à 11:20

Quand le pdg se sent obligé de justifier une acquisition

Publié le 16/12/2013 à 11:20

Par Yannick Clérouin

Il est assez rare que le pdg d’une entreprise sente la nécessité de justifier une acquisition au moment où il annonce la transaction.

Or, c’est ce que le patron de Constellation Software, une des sociétés technos qui affichent la plus forte croissance au pays, a fait lundi.

Le fournisseur de logiciels de gestion a indiqué avoir signé une lettre d’intention pour acheter Total Specific Solutions, une transaction évaluée à 240 millions d’euros (environ 350M$ canadiens).

Le président du conseil d'administration et principal dirigeant de Constellation Software, Mark Leonard, a publié une lettre ouverte à ses actionnaires dans laquelle il justifie l’acquisition et fournit des informations supplémentaires sur l’offre.

«Certains membres du conseil d’administration et moi-même craignons que l’acquisition de Total Specific Solutions crée une certaine confusion parmi nos actionnaires. Elle est bien plus importante que les acquisitions que nous réalisons normalement, et le prix payé, plus élevé que ce que déboursons habituellement», écrit d’entrée de jeu M. Leonard dans sa missive.

Le patron de l’éditeur de logiciels précise que les activités qu’il entend acheter sont très similaires à celles de Constellation Software, et que la transaction sera financée par dette, à un moment où le coût du financement est très faible.

«À première vue, cette transaction, comme aiment le dire les analystes des firmes de courtage, contribuera aux bénéfices. Néanmoins, certaines caractéristiques de l’investissement et du financement prévu ne sont pas immédiatement évidentes», écrit-il.

M. Leonard admet sans détour que Constellation n’a pas fait de miracle lors de ses précédentes transactions à l’extérieur de l’Amérique du Nord.

«Dans certains cas, nous avons réalisé de bonnes acquisitions, mais la moyenne de nos rendements de l’investissement à l’extérieur de l’Amérique du Nord a été inférieure au rendement obtenu en Amérique du Nord.»

Le patron de Constellation entend tirer des enseignements importants en faisant des affaires à l’étranger et en recourant à l’endettement pour financer les acquisitions.

Gouvernance exemplaire

Carl Simard, président de Gestion de portefeuille Medici et actionnaire de Constellation Software, qualifie la gouvernance de Mark Leonard d'exemplaire. «L'entreprise considère ses actionnaires, petits et grands, comme des membres à part entière du conseil d'administration. Ils nous voient comme des partenaires, à l'image de Warren Buffett.»

M. Simard apprécie la candeur du dirigeant de Constellation. «Il dit la vérité et va au devant des questions», remarque-t-il, soulignant que c'est particulièrement important de le faire dans le cadre d'une transaction hors du commun.

Les investisseurs accordent visiblement le bénéfice du doute aux dirigeants de Constellation. Le titre grimpe de 4,45% ou 8,75$ à 205,25$, touchant ainsi un sommet historique.

*Le texte a été mis à jour afin d'ajouter les commentaires de Carl Simard.

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