Accordez-vous assez d'attention à vos erreurs?

Publié le 07/02/2012 à 09:23, mis à jour le 07/02/2012 à 15:18

Accordez-vous assez d'attention à vos erreurs?

Publié le 07/02/2012 à 09:23, mis à jour le 07/02/2012 à 15:18

Maintenant que nous avons mis le doigt sur le problème – notre myopie face aux erreurs qui nous environnent –, nous devons nous demander comment y remédier. C’est là que M. Yalçintas suggère de commencer par combattre nos petites routines intellectuelles : «Combien d’entre nous ont pour habitude de lire le journal du samedi, le matin, en sirotant son café? Combien d’entre nous utilisent un vocabulaire limité dans la vie de tous les jours? Combien de nous donnent des petits noms d’animaux à son conjoint? Bref, combien d’entre nous usons de raccourcis intellectuels au lieu de chercher sans cesse à faire preuve d’imagination?», lance-t-il en substance dans son étude.

Où veut-il en venir ainsi? Des exemples vous permettront peut-être de mieux saisir… Un amateur de philosophie reconnaîtra en quelques phrases un texte de Nietzsche. Un amateur de musique, un morceau des Beatles, après seulement quelques notes. Un féru de peinture, une œuvre de Vermeer, d’un clin d’oeil. Pourquoi? Parce que notre cerveau fonctionne – par souci d’efficacité – par raccourcis. Il détecte quelques éléments d’une chose et cela lui suffit pour la caractériser, sans avoir à dépenser trop de temps et d’énergie. Idem avec les erreurs : faute de s’attarder un tant soit peu à ce qui nous paraît évident, nous commettons, encore et toujours, les mêmes bévues. En toute inconscience. En toute innocence.

Il nous faut donc être davantage vigilant face à l’évidence. Mais ce n’est pas tout. Il nous faut aussi nous ôter du crâne l’idée que les erreurs, une fois détectées, sont forcément supprimées. Car il ne s’agit là que d’une croyance, et non d’une vérité. Les erreurs, nous ne les supprimerons jamais toutes. Au mieux, nous parviendrons à les faire glisser hors de notre champ de vision. Le drame survient lorsqu’on croit leur compte réglé, alors qu’en réalité elles n’ont fait que se glisser ailleurs dans la zone de flou de notre myopie. «Notre quête de perfection est un leurre dont nous devrions nous méfier au plus haut point», souligne le chercheur turc.

Oui, il nous faut changer notre approche de la notion d’erreur. Il nous faut regarder celle-ci comme une idée protéiforme si redoutable qu’elle saura toujours nous déjouer. Il nous faut apprendre à vivre avec elle, au lieu de sans cesse vouloir la supprimer, par peur du danger qu’on lui prête. Il nous faut l’accepter dans notre vie, à l’image des araignées de nos maisons, que l’on a le réflexe d’écraser, alors qu’elles peuvent nous rendre d’immenses services (mouches, moustiques, etc.). Dès lors, nous apprendrons à en tirer profit, et à véritablement innover…

En passant, l’écrivain britannique Samuel Butler a dit dans ses Carnets : «Il n’y a pas de cause d’erreur plus fréquente que la recherche de la vérité absolue»…

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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