La toute dernière étude de Nassim Nicholas Taleb met l’accent sur un point très précis de sa théorie du Cygne Noir, à savoir la manière dont on aborde la notion d’erreur. Un point qui a une forte résonance en management du risque, de mon point de vue.
Ainsi, nous avons tous, ou presque, tendance à estimer qu’un événement n’a aucune chance de se produire s’il ne s’est jamais produit par le passé. Nous évaluons la probabilité qu’il survienne à zéro. Pas vrai? Mais voilà, il est impossible que celle-ci soit vraiment de zéro : tout le monde pensait totalement inimagineable qu’un séisme de grande magnitude se produise un jour non loin d’une centrale nucléaire et qu’à celui-ci s’ajoute dans les minutes suivantes un gigantesque tsunami affectant les installations du bâtiment, et pourtant, à Fukushima, le 11 mars dernier…
Par conséquent, toute prévision se doit d’être assortie d’un taux d’erreur supérieur à zéro. Le hic? Difficile d’estimer celui-ci. Et surtout – c’est là le point important de l’étude présente de M. Taleb –, il convient d’assortir l’estimation du taux d’erreur elle-même d’un taux d’erreur! Certains vont bondir, en se demandant à quoi cela peut bien servir de couper ainsi les cheveux en quatre, ou plutôt en mille, n’est-ce pas? Eh bien, cela est loin d’être futile!
En effet, mieux comprendre la notion d’erreur, chercher même à la saisir de manière quantifiable, voire mathématique, est primordial pour qui évolue en terrae incognitae, c’est-à-dire dans un environnement rempli d’incertitudes. C’est en braquant les projecteurs sur les zones d’ombres que l’on peut y voir plus clair partout autour de nous, pas en faisant semblant de ne pas remarquer ces petits coins d’ombre qui, on le devine inconsciemment, dissimulent quelques monstruosités.