Échouer fait mal, sauf que...


Édition du 18 Avril 2015

Échouer fait mal, sauf que...


Édition du 18 Avril 2015

Patrice Demers Président de Genex Communications.

Les entrepreneurs à la tête des neuf start-ups moins chanceuses, pour leur part, peuvent ajouter un échec à leur curriculum vitæ. Ils sont même célébrés dans le cadre d'événements tels que FailCon. Au Québec, l'échec est moins bien perçu, mais les choses ont beaucoup changé depuis la faillite de Mon Mannequin Virtuel.

Sylvain Carle, aujourd'hui associé du fonds Real Ventures et directeur général de l'accélérateur FounderFuel, participera d'ailleurs à Failcamp, l'équivalent montréalais de FailCon, le 17 avril. Lui-même un employé de la première heure de Mon Mannequin Virtuel, Sylvain Carle y a été invité pour parler de son propre échec, Needium. Fondée en 2007 sous le nom de Praized, la jeune entreprise a fermé ses portes après avoir flambé 4 M $ en investissements. «Ça a été cinq années extraordinaires dans ma vie. Alors, je ne considère pas ça comme un échec ; mais bien évidemment, on n'a pas réussi à bâtir l'entreprise qu'on voulait», relate Sylvain Carle.

Dans les faits, le principal regret de Sylvain Carle est de ne pas avoir fermé l'entreprise plus tôt, lorsqu'il est devenu évident que son produit, une application Web de recommandation de commerces locaux, était un échec. Plutôt que de mettre fin à l'aventure, Sylvain Carle et le cofondateur Sébastien Provencher ont trouvé du financement supplémentaire pour lancer Needium, un outil permettant aux commerçants de cibler des clients potentiels sur les médias sociaux : «On n'était pas dans une position pour continuer, car avec 4 M $ de dettes, c'était impossible d'aller chercher du financement», explique Sylvain Carle.

Apprentissage accéléré

Michael Gozzo, dont la start-up Appifier est passée par l'accélérateur FounderFuel en 2012, a mis moins de temps à échouer que Sylvain Carle. Son produit, un outil permettant de transformer un site Web en application mobile, générait pourtant des revenus avant que Michael Gozzo ne se joigne à l'accélérateur. Il s'est toutefois laissé convaincre de rendre son produit gratuit.

L'objectif était de susciter une adoption massive de son produit et de penser au modèle d'entreprise plus tard. «Le modèle des accélérateurs injectant du capital, c'est de financer la croissance, soit pour pénétrer le marché, soit pour le transformer, explique Sylvain Carle, directeur général de FounderFuel depuis 2014. C'est clair qu'on n'est pas là pour optimiser les revenus à court terme.»

Pour des raisons légales, Michael Gozzo ne peut pas donner de détails sur les termes de la vente, mais il n'est pas difficile de comprendre qu'elle n'a enrichi personne. En tout, Appifier avait obtenu 325 000 $ de financement, sans jamais parvenir à créer le genre de courbe de croissance en forme de bâton de hockey qui fait saliver les investisseurs.

M. Gozzo n'avait plus l'énergie ni les moyens de lancer une nouvelle entreprise au lendemain de la vente d'Appifier. Néanmoins, il parle de ce qu'il a compris en échouant : «J'ai beaucoup appris sur le développement de produits et le marketing, explique-t-il. Je pensais toujours aux fonctionnalités et au produit, alors que j'aurais dû penser au client, à ses problèmes, à la façon d'améliorer sa vie.»

Les leçons que Michael Gozzo a tirées de l'échec, il les a déjà appliquées au sein de Radialpoint, où il a présidé au lancement de SupportKit, un outil permettant aux développeurs d'offrir un service à la clientèle dans leur application mobile. M. Gozzo attribue ainsi la popularité du service, qui aurait rejoint plus d'un million d'utilisateurs, aux efforts de marketing et aux entrevues réalisées avec des clients.

Aujourd'hui, Michael Gozzo pense déjà à sa future start-up : «La prochaine fois que je lancerai une entreprise, ce ne sera pas pour le profit. J'aimais le produit d'Appifier, mais démocratiser les applications mobiles ne me passionnait pas en tant qu'entrepreneur. Si je me lance, ce sera pour régler un problème de société, pour avoir un véritable impact.»

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