Alors, comment expliquer un tel phénomène? Les deux chercheurs avancent une hypothèse qui me semble fort intéressante : les leaders nouvellement nommés à la tête d’une équipe seraient victimes de «filtres sociaux et cognitifs»… De quoi? De filtres sociaux et cognitifs, autrement dit, de liens qui les retiennent d’agir à leur guise.
> Liens sociaux. Comme nous sommes, vous comme moi, avant tout des animaux sociaux, nous nous comportons de certaines façons en société. Un exemple très simple : le nouveau leader sait qu’il suscite autant d’espoirs que d’inquiétudes, et va donc naturellement chercher à rassurer avant d’apporter des changements; il va donc avoir le réflexe de temporiser, pour ne se mettre personne à dos.
> Liens cognitifs. Ici, il s’agit de liens qui proviennent de nous-mêmes, et non du fait que nous vivons en société. Un cas de figure pour l’illustrer : le nouveau leader a envie de tout, sauf de commettre une bévue d’entrée de jeu; il va donc se montrer prudent, et rechigner à donner son «Go» à une idée venant d’autrui, idée à laquelle il n’avait lui-même jamais pensé auparavant, et qui va donc l’effrayer a priori.
Voilà par conséquent pourquoi mieux vaut ne pas attendre de votre nouveau boss un discours vous invitant à briller par votre créativité. C’est que là n’est pas sa priorité. Cela viendra, peut-être, mais pas tout de suite…
En passant, l’écrivain français Jean Anglade a dit dans Le Temps et la paille : «Les meilleures choses ont besoin de patience»…