Aimez-vous prendre les devants?

Publié le 24/01/2012 à 15:55, mis à jour le 26/01/2012 à 14:31

Aimez-vous prendre les devants?

Publié le 24/01/2012 à 15:55, mis à jour le 26/01/2012 à 14:31

Peut-être avez-vous toujours du mal à croire ces analystes. Peut-être que quelques exemples finiront de vous convaincre. Des exemples concernant Apple…

Apple? Un remarquable pionnier, n’est-ce pas? L’exemple-même du pionnier à qui tout réussit. Eh bien, pas du tout! Vraiment pas du tout! Apple est, en réalité, l’exemple-même… du brillant suiveur!

Vous souvenez-vous du Simon d’IBM? Non? Pas étonnant. C’est le nom du tout premier cellulaire intelligent, concocté par IBM en 1993. Cette innovation a procuré aux actionnaires d’IBM un gain évalué sur le coup à 8%. C’est bien. Mais que dire des performances des suiveurs : Nokia, avec son 900, en 1986 – gain de 18% ; et Apple, justement, avec son iPhone, en 2007 – gain de 117%?

Idem, vous souvenez-vous de l’inventeur de la tablette numérique? Non? C’est Microsoft, avec sa tablette PC sortie en 2000, qui a déclenché une perte aux actionnaires évaluée à 18%. Ont suivi, encore une fois : Nokia, avec son 770, en 2005 – gain de 41% ; et Apple, avec son iPad, en 2010 – gain de 56%. CQFD.

«Être le pionnier peut, bien entendu, procurer certains avantages immédiats. Mais, ceux-ci s’estompent vite et disparaissent complètement au bout de quelques temps, voire tournent au désavantage du pionnier», disent les deux analystes, en soulignant que «les coûts liés au fait d’être le premier excèdent dans la grande majorité des cas les bénéfices, sur le plan économique».

Quelle découverte, n’est-ce pas? Mieux vaut donc ne jamais prendre les devants, car on va forcément en payer le prix, tôt ou tard. Certes, on aura ainsi attiré l’attention de celui (celle, ou ceux) à qui l’on veut plaire, mais cette «touche» ne sera qu’éphémère. Et pour que ça dure, il faudra déployer des efforts incommensurables : redoubler d’ardeur dans ses opérations de séduction, innover sans cesse pour maintenir la flamme, jouer des coudes pour tasser les rivaux, etc. Si bien que se posera, un jour ou l’autre, la terrible question : «Tout cela en vaut-il vraiment la peine?». Une question qui scellera votre destin, comme nombre de pionniers avant vous…

En passant, l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma a écrit dans En attendant le vote des bêtes sauvages : «Avant de créer une chute, le fleuve se calme et crée un petit lac»…

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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