L'arme ultime d'un pays : sa devise

Publié le 14/07/2011 à 12:20, mis à jour le 14/07/2011 à 23:04

L'arme ultime d'un pays : sa devise

Publié le 14/07/2011 à 12:20, mis à jour le 14/07/2011 à 23:04

Les grandes inquiétudes de l'investisseur qui communiqua avec nous ont été alimentées principalement par les menaces de décotes de la part des agences de notation S&P et Moody's. Cependant, on doit connaître dans quel contexte ces agences agissent. Pendant longtemps, elles ont octroyé leur meilleure note à un pays qui s'endette de plus en plus. Un défaut de paiement de la part des États-Unis enverrait un très mauvais signal aux investisseurs qui comptent sur les revenus de leurs investissements. On remettrait certainement en question la validité des cotes de crédit des agences. C'est pourquoi elles utilisent leur seule arme pour prévenir une situation qui leur serait fort déplaisante : la menace.

Sur un sujet un peu différent, voici notre interprétation du contexte actuel. En réalité, tout le débat de la dette américaine repose sur les négociations entre le parti républicain et le parti démocrate. Ce dernier souhaite hausser le plafond de la dette qui est actuellement fixé à 14,3 T de dollars, qui sera vraisemblablement atteint en début du mois d'août. Les républicains savent fort bien qu'on doit élever le plafond. Obama n'enraiera jamais un déficit d'environ 1,5 T de dollars en quelques semaines! Cependant, refuser d'accorder cette hausse augmente significativement le pouvoir de négociation du parti qui tente par tous les moyens de faire réduire le déficit. Les républicains n'ont pas avantage à céder rapidement, car il s'avèrerait très difficile d'obtenir des concessions de la part des démocrates par la suite. Autrement dit, nous assistons à un simple  jeu de bras de fer entre les deux partis. Et vous vous en doutez sûrement, ce jeu inquiète grandement les agences de notation qui pourraient perdre la face. Alors on utilise la menace, et elle est perçue comme étant une catastrophe par bien des investisseurs.

Nous constatons toujours que ces investisseurs confondent un pays avec ses entreprises. Comment un problème de dette nationale  peut-il affecter des multinationales américaines comme Mastercard, Google ou Johnson & Johnson pour n'en nommer que quelques exemples, dont une part importante des revenus provient de l'étranger? Nous ne citons ici que trois entreprises, mais il en existe beaucoup d'autres. Si vos sociétés en portefeuille ne détiennent pas de dettes américaines, et qu'elles ne sont nullement reliées à l'endettement du pays, vous ne devriez pas être inquiets. Nous trouvons triste le fait que bien des gens achètent des titres bien plus chers ou risqués au Canada, uniquement parce qu'ils craignent un problème qui risque d'avoir peu d'impact sur les titres qu'ils s'efforcent d'éviter!

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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