François Pouliot: tarifs Internet, et si le Bureau de la concurrence enquêtait?

Publié le 23/02/2011 à 09:27, mis à jour le 23/02/2011 à 13:28

François Pouliot: tarifs Internet, et si le Bureau de la concurrence enquêtait?

Publié le 23/02/2011 à 09:27, mis à jour le 23/02/2011 à 13:28

Protéger du marché

Les câblos ont tout intérêt à tarifer à haut prix l'utilisation de la vidéo sur Internet. C'est qu'à terme, elle constitue une menace pour leur modèle d'exploitation. On a qu'à penser à Netflix et son tarif de 7,99$ par mois pour des films illimités, iTune de Apple (films à la carte), ou encore à Google tv (pas encore disponible ici). Ces véhicules sont susceptibles d'un jour amener les abonnés du câble, sinon à se désabonner, du moins à diminuer la valeur de leurs forfaits.

Ce n'est pas un hasard si au même moment où Netflix annonçait son entrée au Canada, Rogers abaissait significativement les plafonds de ses forfaits Internet. Plus le plafond est bas, moins l'utilisateur d'Internet a intérêt à s'en servir comme câble de télé. Les visionnements vidéo déclenchent des surprimes qui coûtent plus chères que le câble.

Les telcos ont en apparence moins d'intérêt à instaurer des plafonds, mais il ne faut pas s'y laisser prendre. Ils investissent eux aussi massivement dans la fibre optique pour rentrer la télévision dans les foyers. En tarifant très chère la vidéo, ils limitent la concurrence.

Les chiffres ne permettent pas de conclure, mais…

Certains indicateurs font froncer les sourcils lorsque l'on examine le paysage concurrentiel actuel.

On notera par exemple que le prix moyen d'Internet au-delà des plafonds tarifé par les fournisseurs d'accès canadiens est parmi les plus élevés de l'OCDE, selon la CIBC.

On ajoutera qu'aux États-Unis, les plafonds d'utilisation sont significativement plus élevés qu'au Canada. Ainsi, le plafond de Comcast est à 250 Go. Ceux de Rogers, Vidéotron et Bell sont respectivement à 175, 170 et 100 Go.

Évidemment, on ne peut pas conclure à un comportement anticoncurrentiel à partir de ces seuls éléments. Il est possible que des questions de densité de population et d'étendues géographiques viennent justifier les politiques en place.

Il serait néanmoins intéressant de voir le Bureau de la concurrence se pencher sur la question. Il ne conclurait peut-être pas à l'existence de comportements anticoncurrentiels, mais les chiffres qu'il apporterait pourraient permettre à l'État de mieux voir si l'ajout de bande passante est exagérément tarifé et s'il n'y aurait pas lieu d'intervenir par voie réglementaire.

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?