Les Montréalais dans la trentaine gagnent les couronnes nord et sud en masse pour élever leur famille. Ce n'est pas le cas de Marc Pharand. Il a fait le parcours inverse : il a quitté Laval pour s'installer dans le quartier Saint-Henri de l'arrondissement du Sud-Ouest, au coeur de Montréal.
" Je voulais passer mon trip loft à Montréal, dit Marc Pharand, cadre intermédiaire chez un grand détaillant alimentaire. Il fallait que je le fasse au moins une fois dans ma vie. "
Il y a un an, il a atterri aux lofts Impérial, des condos bâtis dans une ancienne usine de cigarettes. Il a déboursé 200 000 $ pour son unité de 710 pieds carrés, rue Rose-de-Lima.
Célibataire, M. Pharand, 35 ans, dispose d'un bon salaire. Ses critères : vivre près des services, dans un quartier central de Montréal. De l'espace ? Pour quoi faire ? La banlieue ne lui manque pas.
" Je voulais vraiment vivre en ville, faire mes trucs à pied, dit-il. Le marché Atwater et le canal Lachine sont à quelques minutes de marche seulement. "
Autre élément important pour séduire un client comme Marc Pharand : les chalets urbains que le promoteur, Prével, aménage sur les toits de ses immeubles. À portée d'ascenseur, il a accès à une grande pièce commune vitrée, où les résidents peuvent organiser des soirées, ou préparer des repas communautaires. À l'extérieur, on trouve un gros barbecue.
Une ville de condos
De plus en plus de gens font le même choix que M. Pharand dans la métropole. " À Montréal, la copropriété représente 70 % des nouvelles constructions ", dit Bertrand Recher, analyste de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) pour la région de Montréal. Forcément, les sites deviennent de plus en plus rares, et les immeubles, de plus en plus grands.
Prével, le constructeur des lofts Impérial, a multiplié les projets importants, en périphérie des terrains de prédilection pour ce type d'immeubles : le centre-ville et l'Île-des-Soeurs.
À côté de la station de métro Atwater, sur le site de l'ancien théâtre Séville, l'entreprise construit trois tours, une de 20 étages et deux autres de 11 reliées par un basilaire de 7 étages, qui comprendra à la fois des propriétés commerciales et d'autres unités d'habitation. Le complexe comptera environ 450 appartements.
Concurrent de Prével, Développements McGill aménage de son côté près de 120 unités dans son projet du Square Benny, dans Notre-Dame-de-Grâce.
Bref, la construction d'unités dans des immeubles de plus en plus grands se généralise. Depuis 2000, le pourcentage de condos construits dans des immeubles de 100 copropriétés et plus est passé de presque 0 à 23 %, constate Bertrand Recher, analyste de la SCHL.
Des hausses plus modestes
Marc Pharand a déboursé 200 000 $ pour son loft. " Je veux vivre ici au moins deux ans ", dit-il. Il pense alors pouvoir revendre sa propriété environ 240 000 $. La SCHL prévoit une hausse de 6 % du prix des habitations à Montréal d'ici la fin de 2011. " Ce sera probablement plus ", dit M. Recher, qui révise actuellement ces données. Mais l'organisme s'attend à un retour à la stabilité au cours des années suivantes.
À plus long terme, la plupart des économistes consultés s'attendent à des hausses modestes, soit égales à l'inflation, soit inférieures. Dans le marché le plus cher du Québec, les acheteurs pourront donc souffler un peu.
