Internet à deux vitesses


Édition du 14 Février 2015

Internet à deux vitesses


Édition du 14 Février 2015

Un problème qui passe sous l'écran radar

Les connexions de 100 Mbits/s et plus sont loin d'être offertes partout au Québec. Elles sont rarement offertes en dehors des principaux centres urbains et, même à Montréal, ce n'est pas tous les secteurs de la métropole qui y ont accès. Dans les faits, chaque région, voire chaque code postal de la province, a ses enjeux et les vitesses maximales offertes varient beaucoup d'un endroit à l'autre. Alors que certaines zones n'ont pas accès à Internet haute vitesse, d'autres sont limitées à des connexions haute vitesse relativement lentes de 5, 10 ou 15 Mbits/s.

Si plusieurs PME sont touchées par la lenteur de leur connexion Internet, c'est un problème qui passe sous l'écran radar d'un grand nombre d'entre elles. En effet, les entreprises situées dans des zones où la vitesse d'Internet est limitée semblent moins nombreuses à adopter les logiciels en ligne, entre autres technologies. De ce fait, elles ne ressentent pas toutes les limitations découlant de leur connexion Internet.

C'est notamment le cas de Fourrures Grenier, un fabricant de bottes de fourrure dont la connexion est d'à peine 5 Mbits/s. Établie à Barraute, en Abitibi, l'entreprise utilise surtout sa connexion Internet pour envoyer des courriels et mettre son site Web transactionnel à jour : «Ça ralentit notre travail, mais comme on ne connaît pas autre chose, on est habitué de faire avec, reconnaît sa directrice générale, Jeanne Grenier. Ce n'est pas comme si on arrivait de Montréal et qu'on constatait la différence.»

Là où la haute vitesse ne se rend pas

L'immense majorité des foyers québécois ont accès à Internet haute vitesse. Cependant, c'est une faible consolation pour les quelque 3,3 % d'entre eux qui ont la malchance d'être situés dans des zones non desservies, selon les données d'Industrie Canada. Si ces zones sont plus nombreuses dans le Nord-du-Québec et en Gaspésie, on en trouve aussi à proximité de centres urbains, en règle générale là où la densité de population est faible. FloreSsens, une pépinière située à Saint-Raymond, dans la région de la Capitale-Nationale, fait partie des entreprises qui, encore en 2015, n'ont pas accès à Internet haute vitesse.

«Tout ce qui est informatique en nuage, il faut oublier ça, et on ne peut même pas transmettre des données électroniquement à l'Agence du revenu du Canada ni à Revenu Québec», explique Johane Boucher-Champagne, copropriétaire de FloreSsens. De plus, sa connexion Internet l'empêche d'utiliser Skype ou de se doter d'un système moderne de points de vente.

Sise en bordure de la ville de Saint-Raymond, FloreSsens est située à un demi-kilomètre de la prochaine zone desservie par les fournisseurs de services Internet. Ainsi, lorsqu'elle a ouvert boutique, seules deux options s'offraient à elle. Internet par satellite ou par réseau cellulaire. En raison du manque de fiabilité de la première option, avec laquelle les interruptions de service étaient fréquentes, Johane Boucher-Champagne a opté pour la deuxième, qui lui permet de bénéficier d'une connexion d'à peine 1,5 Mbits/s.

Dans les circonstances, elle a choisi un site Internet rudimentaire, de manière à pouvoir le mettre à jour de son domicile. Malgré tout, cela relève du tour de force : «Mettre notre site Web à jour avec la vitesse qu'on a, c'est très pénible», avoue la femme d'affaires. Il faut dire qu'elle sait ce qu'elle manque. Ancienne pdg d'Anapharm, un laboratoire d'essais cliniques de Québec (rebaptisé inVentiv Health Clinique), rien ne l'avait préparée à retourner à l'âge de pierre des télécommunications.

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