Entrevue n°238: Anuranjita Tewary, fondatrice du Défi Technovation


Édition du 07 Mars 2015

Entrevue n°238: Anuranjita Tewary, fondatrice du Défi Technovation


Édition du 07 Mars 2015

Par Diane Bérard
D.B. - Le succès de cette initiative repose sur un réseau de coachs et de mentors. Quelle est leur contribution ?

A.T. - Souvenez-vous de mon expérience au Startup Week-end de San Francisco. La jeune entrepreneure avec qui j'ai travaillé a été une sorte de mentor pour moi. J'ai voulu recréer ce sentiment de sécurité et de soutien pour les participantes. Les coachs sont responsables du recrutement dans les écoles et de leur encadrement. Ils s'assurent que les équipes ont accès à des ressources et à un lieu pour créer. Leur collaboration s'élève généralement à 60 heures. Ce sont souvent des professeurs ou des parents. Certains professeurs de sciences ont intégré le défi Techonovation à leur programme. Les mentors sont de jeunes diplômées ou des professionnelles qui initient les jeunes filles aux rudiments de la technologie et de l'entrepreneuriat. On n'exige pas d'elles qu'elles soient expertes en technologies mobiles. On s'attend plutôt à ce qu'elles soient douées pour la résolution de problèmes et la gestion de projet. Leur contribution varie entre 25 et 50 heures, selon qu'elles travaillent ou non en tandem avec une autre mentor.

D.B. - Votre compétition a eu un impact imprévu chez les mentors, quel est-il ?

A.T. - Trois de nos mentors ont décidé de lancer leur propre entreprise à la suite de leur expérience auprès des filles. L'une d'elles a été une des premières femmes à réussir son parcours dans l'incubateur californien Y Combinator.

D.B. - La première édition a eu lieu en 2009. Comment s'est-elle déroulée ?

A.T. - Nos débuts ont été modestes. Nous voulions simplement valider notre intuition. L'événement s'est tenu en une journée, et comptait 45 participantes accompagnées de 10 mentors. Nous n'avons fait aucune publicité, simplement du bouche-à-oreille. L'expérience a été concluante. L'année suivante, Google nous a fourni des locaux pour accueillir les participantes après l'école deux fois par semaine pendant deux semaines, et Microsoft a fourni un prix de 10 000 $. Pour la deuxième édition, nous avions 20 mentors.

D.B. - Vous entretenez de grandes ambitions pour le Défi Technovation, quelles sont-elles ?

A.T. - Le nombre des participantes au Défi Technovation est passé de 45 à 4 500 en cinq ans. C'est bien, mais c'est nettement insuffisant. Pour créer un mouvement, il nous faut 10 fois plus de participantes. Les filles ne représentent encore que 13 % des diplômés en informatique.

D.B. - Qu'advient-il des participantes après le Défi ?

A.T. - Cette compétition influence leurs perceptions, et parfois leur comportement. Ainsi, 94 % d'entre elles terminent cette aventure avec la conviction que la technologie est un bon choix de carrière pour les femmes. Près des trois quarts manifestent de la curiosité pour l'entrepreneuriat. Et 70 % se sont inscrites à des cours d'informatique lorsqu'elles en ont eu l'occasion.

D.B. - Pourquoi est-ce si difficile d'intéresser les filles aux sciences ?

A.T. - On ne fait pas vibrer leur corde sensible. La plupart des filles veulent un emploi qui contribue à aider les gens. Il faut leur démontrer que la technologie peut le faire. Et puis, il faut faire éclater le stéréotype du techy solitaire. Les filles sont grégaires, elles veulent travailler en équipe. Or, pour elles, travailler en technologie, c'est être condamné à la solitude d'un cubicule. Je travaille en technologie et ce n'est pas du tout ma réalité.

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