Les consultants en immigration jouent un rôle clé

Publié le 16/01/2023 à 10:00

Les consultants en immigration jouent un rôle clé

Publié le 16/01/2023 à 10:00

Le Services d’immigration Secure (SIS), à Laval, appuie des travailleurs temporaires, des étudiants internationaux, des immigrants qui souhaitent obtenir la résidence permanente ou encore des entreprises qui recrutent à l’étranger.  (Photo: 123RF)

Les consultants en immigration jouent un rôle clé pour attirer de nouveaux arrivants au Québec et au Canada. Leur nombre augmente fortement depuis quelques années, mais l’encadrement se resserre pour mieux protéger les immigrants.

Depuis 2015, Sahar Hawili travaille comme consultante en immigration pour Services d’immigration Secure (SIS), à Laval. SIS appuie des travailleurs temporaires, des étudiants internationaux, des immigrants qui souhaitent obtenir la résidence permanente ou encore des entreprises qui recrutent à l’étranger. 

«On trouve tellement de programmes différents, surtout si l’on exerce dans plusieurs provinces, que beaucoup de consultants se spécialisent dans un domaine spécifique, précise-t-elle. Personnellement, j’accompagne surtout avec des étudiants internationaux.»

Conformément au Règlement sur les consultants en immigration, les consultants peuvent conseiller, aider ou représenter une autre personne dans ses démarches d’immigration au Québec. Ce mandat très large va des conseils offerts dans le choix du programme, de l’entreprise ou encore de l’établissement éducatif jusqu’aux démarches administratives, en passant par des appuis très concrets dans l’installation au pays (recherche de logement, d’école pour les enfants, etc.).

«Les candidats à l’immigration doivent rapidement prendre des décisions qui auront de grosses conséquences à moyen ou long terme, souligne la consultante. Par exemple, si un étudiant international opte pour un domaine d’étude dans lequel il y a une pénurie de travailleurs au Québec, ses chances de pouvoir demeurer au Québec après ses études augmenteront considérablement.»

 

Un nouveau Collège

L’encadrement des quelque 12 000 consultants en immigration que compte le Canada a changé de manière importante depuis deux ans. En décembre 2020, la Loi sur le Collège des consultants en immigration et citoyenneté entrait officiellement en vigueur et le Collège lui-même a amorcé ses fonctions en novembre 2021.

«Le Collège est responsable de la réglementation et de la discipline pour tous les consultants, incluant ceux du Québec», explique Dory Jade, consultant en immigration et directeur général de l’Association canadienne des conseillers professionnels en immigration (ACCPI). 

Les consultants doivent détenir au moins un diplôme universitaire plus un diplôme d’études supérieures spécialisées de l’Université de Montréal ou de l’Université Queen’s et réussir les examens du Collège. «Ils doivent obtenir un permis supplémentaire pour pratiquer au Québec, précise Dory Jade. Ils doivent montrer une maîtrise de la langue française et une connaissance de la Loi sur l’immigration du Québec.»

La croissance du marché de l’immigration apparaît clairement en regardant les statistiques du Collège. Le nombre de consultants réglementés en immigration canadienne a augmenté de 30% entre 2021 et 2022. Actuellement, on dénombre 579 consultants autorisés à aider des candidats à l’immigration au Québec, selon le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.

Le rôle des consultants se joue à quatre niveaux, selon le président de l’ACCP : accompagner les investisseurs étrangers, aider ceux qui veulent devenir résidents permanents, soutenir les étudiants internationaux et les travailleurs temporaires ainsi que les entreprises qui les embauchent et appuyer l’immigration non économique (réfugiés, regroupement familial, etc.).

 

Rester éveillé

Les consultants affrontent deux défis: la fraude et les changements continuels dans les programmes d’immigration. Sahar Hawili raconte que des fraudeurs tentent continuellement d’utiliser son nom, sa photo, voire son site Web pour attirer et flouer des candidats à l’immigration. Le gouvernement canadien a d’ailleurs investi 50 millions de dollars ces dernières années pour lutter contre ces abus et élaborer des outils d’information qui aident les demandeurs à les identifier.

Par ailleurs, le droit de l’immigration change continuellement. «La formation continue représente un élément crucial de notre travail, tout comme la veille que nous menons en permanence pour identifier les changements», explique Sahar Hawili. Certaines de ces modifications ont un effet majeur sur les candidats à l’immigration, comme les changements au Programme expérience Québec (PEQ) annoncés en 2021.

Le PEQ permettait aux étudiants internationaux qui terminaient leur programme d’étude d’obtenir en quelques semaines un Certificat de sélection du Québec, obligatoire pour demander le statut de résident permanent. Ils doivent désormais démontrer une expérience de travail à temps plein d’au moins un an. Le délai de traitement est passé d’une vingtaine de jours à plus de six mois. «Nous avons perdu un gros argument de vente pour attirer des étudiants internationaux au Québec en raison de ce changement», déplore Sahar Hawili.

«Le consultant en immigration a un grand apport à l’économie et à la société canadienne en recrutant de nouveaux arrivants et en facilitant leur installation au pays», estime Dory Jade. En 2019, l’immigration temporaire et permanente représentait 86% de la croissance démographique canadienne et devrait représenter 100% d’ici 2040, selon le gouvernement fédéral.

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