Heureusement qu'Izzy ne voit pas ça...

Publié le 06/10/2009 à 11:29

Heureusement qu'Izzy ne voit pas ça...

Publié le 06/10/2009 à 11:29

Par Olivier Schmouker

Izzy Asper croyait que son fils Leonard était à même de bien diriger le groupe. Photo : DR.

Quand il est mort en 2003, Izzy Asper, le fondateur du groupe Canwest Global Communications, était convaincu qu’il avait bâti une multinationale faite pour durer. Aujourd’hui, son fils Leonard est réduit à protéger une partie de ses propriétés des créanciers…

En 2001, Izzy Asper, 69 ans, avait surpris tout le monde en confiant les rênes du groupe Canwest Global Communications au plus jeune de ses enfants, Leonard Asper, 35 ans. Personne ne s’attendait à ce que cela survienne avant son décès, tant il incarnait le groupe.

Le choix de Leonard était logique. Celui-ci était a priori le plus à même de diriger un tel groupe et de lui donner de l’expansion. Gail, la grande sœur, était impliquée dans la philanthropie et tenait à donner la priorité à sa vie de famille. Quant à David, il semblait lui manquer le cran nécessaire pour prendre des décisions impopulaires, selon son propre aveu.

De nombreux points communs

Leonard, lui, avait beaucoup de points communs avec son père. Trop, peut-être, selon certains. Il a lancé sa première entreprise alors qu’il était étudiant, un restaurant-cinéma. Il est entré chez Canwest Global en 1990 et en a gravi tous les échelons jusqu’à la haute direction en l’espace de neuf années.

Son style de gestion s’apparentait déjà à celui de son père. À savoir fait d’audace et d’autorité. D’ailleurs, le fils a fait sienne les rengaines de son père : «La ténacité et le travail finissent toujours par porter fruit» et «Dans tout ce que tu fais, vois grand».

Une fois le contrôle pris, Leonard Asper a voulu projeter le groupe dans le XXIe siècle. Premier mot d’ordre : convergence. Par exemple, il a centralisé les éditoriaux des journaux, contre vents et marées, en lançant que «ceux qui se plaignent des éditoriaux nationaux ne sont que des contrariés et opportunistes, des gens qui regrettent en fait que ce ne sont pas eux qui les écrivent».

Puis, il a lancé le Canada News Desk, un bureau de production de nouvelles établi au siège social de Canwest Global, à Winnipeg. Sa mission? Produire le contenu national des journaux de groupe, laissant aux équipes locales les nouvelles de leur région.

Et il voulait que les journalistes de demain soient capables de produire du contenu pour différentes plateformes, en même temps : un topo télévisé, un clip radio, une brève pour le Web et un article approfondi pour le journal du lendemain. Une façon qui, sur le papier, permet de diminuer les coûts de production, mais qui ne permet pas de fournir la moindre information de qualité, selon nombre d’experts en médias.

Trois actionnaires principaux

Ainsi, Leonard Asper a foncé tête baissée, convaincu d’être un visionnaire. Mais aujourd’hui, l’empire d’Izzy semble vasciller sur ses fondements, terrassé par la récession, qui se traduit pour les médias par une chute du volume publicitaire et de l’audience.

Leonard Asper a dû se résoudre à placer une partie des propriétés du groupe, dont la chaîne de télévision Global et le quotidien National Post, sous le protection de la Loi sur les faillites. Le plan de secours consiste essentiellement à créer un nouveau Canwest Global, avec une nouvelle répartition de l’actionnariat.

Aujourd’hui, trois têtes dirigeantes se partagent à égalité la propriété de Canwest Global Communications, à savoir les trois enfants Asper. Gail, David et Leonard ont chacun 29,65% des parts du groupe, les 11,05% restants étant publics. Les créanciers du groupe devraient d’ici environ six mois se retrouver avec 2,3% des parts du groupe.

EN SAVOIR PLUS :

Découvrez la structure corporative de Canwest Global (PDF)

 

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