Ottawa doit protéger la gestion de l'offre, plaide Agropur

Publié le 09/02/2017 à 16:24

Ottawa doit protéger la gestion de l'offre, plaide Agropur

Publié le 09/02/2017 à 16:24

Par Stéphane Rolland

Photo:123rf

L’abolition du système de gestion de l’offre causerait un tort énorme à l’industrie laitière canadienne, prévient Serge Riendeau, qui quitte la présidence d’Agropur après quinze années de service. Il n’a toutefois pas voulu mesurer l’impact qu’aurait ce changement réglementaire sur la coopérative derrière les marques Natrel, Québon et Oka, lors d’une conférence de presse en marge de son assemblée annuelle.

Entre 40% et 50% des fermes seraient à risque advenant une libéralisation du marché, affirme M. Riendeau, qui cite une étude réalisée par le Boston Consulting Group en 2015. Cela représente environ 4500 à 6000 fermes. Près de 40% du secteur de la transformation serait également fragilisé.

Le président sortant n’a toutefois pas voulu mesurer les dommages potentiels que subirait Agropur. «J’ose espérer que nous n’absorberons pas le 40% à nous tout seul dans l’industrie», a-t-il répondu.

Le chef de la direction Robert Coallier, pour sa part, s’est voulu rassurant, malgré les inquiétudes. La stratégie d’Agropur la rend plus à même de s’adapter, selon lui. «On investit constamment, ajoute-t-il. On modernise nos usines. Dans le cadre de l’entente de libre-échange Canada-Europe, on a été très proactif. On a investi dans nos usines de fromages fins avant que l’entente soit conclue. On n’a pas l’intention d’abandonner notre territoire. On va continuer à investir pour avoir des actifs concurrentiels, même dans un environnement différent de celui dans lequel on vit. » 

La gestion de l’offre sur la table?

L’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche représente un risque pour le système de gestion de l’offre. Le président américain veut renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Le Mexique est la principale cible, mais la gestion de l’offre au Canada pourrait devenir un sujet de discorde. Le lobby des producteurs laitiers américains a d’ailleurs écrit à M. Trump pour lui demander de négocier ce point.

Pour l’instant, le gouvernement Trudeau déclare qu’il défendrait le système canadien, mais il est impossible de savoir quels compromis sera prêt à faire Ottawa, s’inquiète M. Riendeau. En visite à Washington, Chrystia Freeland, la ministre des Affaires étrangères, a dit hier qu’elle avait «vigoureusement» défendu le système canadien.

Une forte croissance

Agropur a dévoilé une autre forte augmentation de ses excédents au cours de son exercice 2016 (terminé le 1er novembre), malgré une dépréciation du prix du lait. Cette croissance lui a permis de bonifier sa ristourne de 50% à 60,1 M$.

L’excédent net avant ristournes a progressé de 63,1% pour atteindre 154 M$. Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 1,36% à 5,95 G$. De ce chiffre, 44,3% ont été générés aux États-Unis. Les réductions de coûts ont contribué à l’accroissement rapide des excédents par rapport aux revenus.

Le nom du successeur de M. Riendeau n’est pas encore connu. Les membres du conseil d’administration ont été élus en assemblée annuelle jeudi. Ceux-ci devraient choisir un nouveau président vendredi.

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