Depuis 2007, les premiers appels publics à l'épargne d'entreprises québécoises à la Bourse de Toronto se comptent sur les doigts d'une seule main, alors qu'ils sont beaucoup plus nombreux en Ontario et dans l'Ouest canadien. Même si le Québec regorge de sources de financement, les marchés boursiers restent un outil indispensable pour développer les entreprises et l'économie québécoise, disent plusieurs sources de l'industrie. Comment ramener les entreprises d'ici sur le chemin de la Bourse ? Les solutions sont multiples, mais elles sont loin de garantir le succès.
Cette situation prive non seulement nos entrepreneurs d'une source de financement et de croissance, mais elle mine aussi la place financière montréalaise.
« L'expertise dans les émissions publiques est en train de s'étioler à Montréal », affirme Michel Magnan, professeur spécialisé en finance et en gouvernance à l'Université Concordia. Ce dernier a copublié en septembre une étude pour le CIRANO (« Le premier appel public à l'épargne et les sociétés québécoises : état de la situation »), qui dresse un constat alarmant sur les causes et les conséquences du déclin des PAPEs sur l'industrie québécoise des valeurs mobilières, concentrée à Montréal.
La situation est à ce point préoccupante que l'Ordre des comptables agréés du Québec vient de créer un groupe de travail pour tenter de trouver une solution à cette problématique. (À l'instar des avocats et des courtiers, les comptables participent aux PAPEs et aux émissions secondaires des sociétés.) Le groupe analysera l'efficacité de l'écosystème financier québécois.
Le coprésident de ce groupe, Claude Désy, comptable agréé et avocat et associé du cabinet McMillan, estime que le Québec est une société distincte également au chapitre financier. « Notre écosystème nous referme sur nous-mêmes, ce n'est peut-être pas une bonne chose. Quand une entreprise est inscrite en Bourse, elle est plus ouverte sur le monde. »