Il y a de quoi se demander pourquoi se tourner vers la Bourse, quand on voit la réussite d'entreprises à capital fermé, comme le Cirque du Soleil, ou d'entreprises qui ont choisi de quitter les marchés boursiers, comme l'agence de sécurité Garda ?
Après avoir été inscrite à la cote une quinzaine d'années, la multinationale québécoise s'est retirée en 2012, une décision que le pdg de l'entreprise, Stéphan Crétier, n'a jamais regrettée. « C'est la meilleure décision que j'aie prise », nous a-t-il dit en entrevue. Le prix de l'action déclinait, le titre était peu négocié, et peu d'analystes le suivaient. Ceux qui le faisaient s'inquiétaient de la dette de l'entreprise, qui minait son potentiel de croissance, à leur avis. Pourtant, depuis sa privatisation, les revenus de Garda ont doublé à 2,1 G$ et ils devraient encore doubler dans les trois à cinq prochaines années, selon le flamboyant dirigeant.
Reste que, malgré des contraintes et la pression exercée par les marchés financiers, la Bourse présente de nombreux avantages pour les entreprises et l'économie du Québec, insiste Alexandre Taillefer, associé principal de XPND Capital, un fonds de capital de croissance établi à Montréal, axé sur les entreprises dans les médias, le divertissement et la technologie, - il a aussi été un actionnaire de la première heure de Lumenpulse.
À ses yeux, le principal avantage de la Bourse est d'assurer la pérennité des entreprises québécoises à long terme et, dans le meilleur des mondes, sous le contrôle d'investisseurs québécois. Ce que peuvent difficilement faire la plupart des fonds privés ou publics au Québec, explique-t-il.
«Si vous êtes un fonds, il arrive un moment, après 8-10 ans, où la détention de votre capital doit être vendue pour cristalliser le rendement», dit-il, en soulignant que ce sont les marchés boursiers qui ont permis aux CGI et Alimentation Couche-Tard de ce monde de croître et de rester sous contrôle québécois.
Autre argument en faveur de la Bourse : elle crée de la richesse collective, en générant un patrimoine pour les actionnaires et les petits investisseurs, souligne Louis Doyle,vice-président, Montréal, à la Bourse de croissance TSX. «Si une entreprise grandit dans un portefeuille privé, il n'y a pas le même phénomène de création de richesse.»