Procter & Gamble, ou ce qu'il faut éviter de faire de son portefeuille

Publié le 24/10/2014 à 15:37

Procter & Gamble, ou ce qu'il faut éviter de faire de son portefeuille

Publié le 24/10/2014 à 15:37

BLOGUE. Hier matin, le géant Procter & Gamble a annoncé qu’il comptait se séparer de sa division Duracell dans le cadre d’un processus d’essaimage (« spin-off »). Le fabricant de piles jetables connaît en effet des problèmes de croissance depuis quelques années alors que de plus en plus de produits électroniques (dont les tablettes et les téléphones intelligents) sont dotés de piles internes rechargeables. Selon le Wall Street Journal, les ventes de l’industrie des piles jetables ont essuyé une baisse de 4,3 % pour s’établir à 2,2 G$ aux États-Unis au cours des 12 mois terminés le 27 septembre 2014.

M. Lafley, revenu récemment à la barre de P&G, a tôt fait d’annoncer que la société allait se concentrer sur ses 70 à 80 marques de produits les plus importantes telles que les détergents Tide et les couches Pampers. Ces produits compteraient pour 90 % des ventes et 95 % des profits de P&G. Pour donner suite à cette décision, l’entreprise devra se départir de près d’une centaine d’autres marques moins importantes au cours des prochaines années. La décision de se séparer de Duracell par essaimage s’inscrit dans cette stratégie.

Il est aussi intéressant de souligner que cette décision de simplifier les activités de P&G vient de M. Lafley, celui-là même qui avait réalisé de nombreuses acquisitions à titre de p.d.-g. entre 2000 et 2009… Au moins, aura-t-il l’avantage de bien connaître les marques de commerce dont il compte se départir!

Concentrez-vous!

À mon avis, un défaut de nombreux investisseurs est qu’ils ont tendance à s’éparpiller. Au fil du temps, au fur et à mesure qu’ils ajoutent des sommes à leur portefeuille, ils acquièrent de nouveaux titres ou de nouveaux fonds communs. Avec les années, ils se retrouvent typiquement avec un portefeuille de 75 ou 100 titres boursiers ou de 15 fonds mutuels différents.

C’est à mon avis une grave erreur. Peter Lynch appelait ce phénomène « diworsification », en opposition au concept de la diversification. En effet, un portefeuille de 100 titres est beaucoup trop éparpillé. Il devient pratiquement impossible de bien suivre chacun de ses titres. À titre d’exemple, nos clients en gestion privée, qu’ils aient un portefeuille de 500 000 $ ou de 5 M$, possèdent entre 25 et 30 titres au maximum.

En outre, si vous détenez 100 titres, même si votre portefeuille comporte quelques titres de grande qualité qui performeront bien à long terme, leur faible poids relatif fera qu’ils auront probablement peu d’impact sur la performance globale du portefeuille. Si vous tenez à avoir autant de titres, mieux vaut acheter un indice boursier tel que celui du S&P 500 dont les frais de gestion sont minimes.

Les très bonnes idées de placement sont rares et difficiles à dénicher. Si vous en dénichez une ou deux par année, ce sera une très bonne année. C’est pourquoi lorsque vous en trouverez une, il importe d’y investir une somme relativement importante de votre portefeuille, 5 % par exemple et non pas 0,5 %. Le portefeuille de placements boursiers de Berkshire Hathaway est très concentré : au 31 décembre 2013, ses 15 plus importants placements représentaient 83 % de sa valeur totale.

Un investisseur devrait donc se discipliner et fixer le nombre maximal de titres qu’il compte avoir en portefeuille. À mon avis, pas plus de 30. Chaque fois qu’il a une nouvelle idée de placement intéressante, il devrait se demander quel titre de son portefeuille il pourrait remplacer et si le nouveau titre est réellement plus intéressant que le moins intéressant de ses titres actuels. Il devrait aussi constamment remettre en question les investissements qu’il possède déjà, particulièrement ceux qui représentent un faible pourcentage de son portefeuille.

Celui qui ne fait pas régulièrement ce travail d’émondage se retrouvera éventuellement éparpillé comme P&G et obtiendra probablement des rendements qui s’apparentent étrangement à ceux des marchés dans leur ensemble.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Conférences : En collaboration avec le Journal Les Affaires, mon collègue Marc L’Écuyer et moi offrons une série de conférences gratuites en novembre, dans six villes du Québec. Le titre de cette conférence : « La Bourse demeure le meilleur véhicule pour s’enrichir à long terme… à certaines conditions. »

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. COTE 100 détient des actions de Colgate dans ses divers comptes sous gestion.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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