Pourquoi la loi du silence règne-t-elle chez SNC-Lavalin?

Publié le 28/03/2012 à 09:33, mis à jour le 29/03/2012 à 14:28

Pourquoi la loi du silence règne-t-elle chez SNC-Lavalin?

Publié le 28/03/2012 à 09:33, mis à jour le 29/03/2012 à 14:28

Le silence n'est pas toujours d'or... Photo : DR.

BLOGUE. Quel centenaire pour SNC-Lavalin, l’un des «fleurons» de l’économie québécoise! À peine les bulles de champagne se sont-elles évaporées lors de l’événement spécial organisé pour l’occasion que Mouammar Kadhafi est tombé en Libye. Du coup, tous les projecteurs se sont braqués sur les chantiers pour le moins controversés de SNC-Lavalin sur place, à l’image de celui de la prison de Gharyan, à une centaine de kilomètres au sud de Tripoli : un projet de 275 millions de dollars piloté par une coentreprise mise sur pied par la firme québécoise et Saadi Kadhafi, le troisième fils du dictateur. Puis, on a entendu parler de curieux mouvements d’argent qui auraient eu lieu autour de différents projets pharaoniques nés dans le désert libyen.

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Résultat? Le licenciement fracassant du PDG Pierre Duhaime, la semaine dernière. Et ce, pour des motifs encore nébuleux, en dépit d’une enquête interne commanditée par le conseil d’administration. Pour bien comprendre de quoi il s’agit, je me permets de citer un extrait d’un récent post de blogue de mon collègue François Pouliot :

«En 2009, l’ancien grand patron de la division construction de SNC, Riadh ben Aïssa, a une première fois engagé un agent (démarcheur) pour aider à obtenir une participation dans un projet. La présence de faux documents fait en sorte qu’on ne sait pas qui était cet agent et quel contrat il tentait d’obtenir. En fait, on ne sait même pas s’il a fourni une prestation de services. On sait cependant que deux paiements totalisant 22,5 M$ US lui ont été effectués en 2010 et 2011. Le chef de la direction financière a eu connaissance de l’irrégularité et l’a signalée au président Duhaime, qui a quand même avalisé le paiement.

«En 2011, Riadh ben Aïssa a de nouveau indiqué avoir engagé un agent pour l’obtention d’un contrat. Même situation que plus haut. On ne sait pas qui a été engagé, ni ce qu’il a fait. Cette fois, plutôt que de passer par sa division, M. Ben Aïssa semble cependant avoir suivi la procédure en place et demandé au chef de direction et au patron de SNC International de faire un paiement de 33,5 M$ US. Ceux-ci ont refusé et le dossier est monté chez Pierre Duhaime qui, de nouveau, a autorisé le paiement.»

Et en dépit de tout cela, le conseil d’administration de SNC-Lavalin a pris la décision de n’entreprendre aucun recours contre M. Duhaime. C’est que, comme l’expliquait hier mon collègue Hugo Joncas, «selon le président du conseil d'administration, Gwyn Morgan, Pierre Duhaime collabore «pleinement» à l'enquête en cours», même si l'ancien PDG n'a pas dit à quoi ont servi ces 56 millions de dollars, ni à qui au juste ils ont été versés.

Bref, la loi du silence règne plus que jamais chez SNC-Lavalin…

Pourquoi? Parce que – imaginez-moi avec un sourire en coin – M. Duhaime est… un excellent PDG! Oui, un excellent PDG!

Comment puis-je affirmer une chose pareille, alors que tout le monde le siffle et le conspue? Parce que je m’appuie sur une étude renversante sur le sujet, intitulée Managerial discretion and the practice of corporate governance. Celle-ci est signée par John Hendry, un éminent professeur de management à Cambridge (Grande-Bretagne). Elle montre avec brio que l’une des grandes vertus de tout PDG qui se respecte est sa discrétion…

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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