Que s’est-il donc passé? Une simple chicane entre personnes à l’ego démesuré? Un manque flagrant de leadership? Peut-être un peu de tout cela, mais le cœur du problème, c’est en réalité que le processus de création n’était pas tridimensionnel. Une solution technique au problème a été trouvée (celle du jeune ingénieur), mais cela n’a pas été le cas en ce qui concerne le cognitif (le passage de la mentalité «Mission Success First» à celle «Smaller, Faster, Better, Cheaper»), ni pour l’organisationnel (l’absence de leadership adapté au pilotage d’un tel projet).
Pour que l’idée qui tue du CNES puisse bel et bien voir le jour, il aurait fallu qu’il y ait innovation radicale dans les 3 dimensions. Cela ne s’est produit que dans une seule. Le projet est par conséquent tombé à l’eau. CQFD.
«C’est en établissant des relations saines et matures avec les acteurs de l’équipe, en promouvant leur engagement, leur implication au travail que les objectifs les plus élevés peuvent être atteints», soulignent les deux chercheurs, en préconisant un modèle, celui des Teamcentric Teams concoté par Smith et Tushman (équipes centrées sur l’équipe par opposition à celles centrées sur le leader), où tous les membres de l’équipe jouent tour à tour le rôle d’avocats de leur projets individuels et celui d’intégrateur à la recherche de la performance globale de l’organisation.
C’est bien simple, innover radicalement nécessite de revoir notre façon d’innover. Il faut changer de méthode, pour surprendre les autres et se surprendre soi-même. Il faut aller au-delà des méthodes reposant essentiellement sur la logique formelle, pour oser recourir à cette bonne vieille dialectique, dont on ne veut presque plus entendre parler au sortir de l’école. Il faut marier Socrate et Aristote. Il faut – pourquoi pas? – se mettre à réfléchir en 3D! L’historien latin Tite-Live le disait si limpidement : «Il faut oser, ou se résigner à tout»…