Olivier Schmouker - Pourquoi la fin de Ben Laden nous ravit-elle tant?

Publié le 03/05/2011 à 09:36, mis à jour le 05/05/2011 à 13:21

Olivier Schmouker - Pourquoi la fin de Ben Laden nous ravit-elle tant?

Publié le 03/05/2011 à 09:36, mis à jour le 05/05/2011 à 13:21

Le dilemme du prisonnier est ce qu’on appelle un jeu est à somme non nulle, c'est-à-dire que la somme des gains pour les participants n'est pas toujours la même. Il faut dès lors tenir compte de l’option de la collaboration. Autrement dit, ce dilemme fournit un cadre général pour penser les situations où deux ou plusieurs acteurs ont un intérêt à coopérer, mais un intérêt encore plus fort à ne pas le faire si l'autre le fait, et aucun moyen de contraindre l'autre. Les sciences humaines, bien entendu, l’ont adopté pour parler de situations bloquées par la difficulté à coordonner les actions des différentes personnes impliquées ou pour vérifier – et éventuellement sanctionner – les déviances égoïstes.

C’est ici qu’on en revient à l’expérience menée par Tania Singer. Les participants ont assisté à la scène du dilemme du prisonnier, où ils voyaient l’un des suspects rester loyal envers son complice, et l’autre le trahir. Puis, ils ont été placés dans un appareil à imagerie par résonance magnétique (IRM) afin de voir comment réagissait leur cerveau au moment de la punition des deux. En fait, l’un comme l’autre étaient reconnus coupables du crime commis et punis de la même manière, par un choc électrique douloureux envoyé à la main droite.

Résultat? Au moment où les deux ont reçu le choc électrique, les zones du cerveau liées à la douleur et à l’empathie se sont activées d’un coup, signe que voir les autres souffrir nous fait du mal, même s’il s’agit de criminels. C’est plus fort que nous, nous avons toujours de la compassion pour autrui, quel qu’il soit.

Fait intéressant : la réaction a été nettement plus vive dans le cas du «bon» criminel (celui qui est resté loyal envers son complice) que dans le cas du «méchant» (celui qui a trahi). De plus, l’équipe de Mme Singer a noté une grande différence entre les hommes et les femmes, à ce moment-là : quand les hommes ont assisté à la punition du traître, des zones très précises se sont aussi activées dans leur cerveau – notamment le striatum ventral et le noyau accumbens –, ce qui était nullement le cas chez les femmes. Or, ces zones sont concernées dès qu’on éprouve un plaisir intense, comme ceux pouvant découler du sexe, de la drogue et du rock n’ roll… Il semble donc que les hommes – et pas franchement les femmes – éprouvent une réelle «jubilation» à voir punis les vrais méchants!

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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