Pour le savoir, M. Benmelech et Mme Frydman se sont plongé dans différentes bases de données sur les PDG américains, comme celles de Forbes 800 et d'Execucomp. L'objectif : dénicher tous ceux qui avaient servi dans l'armée et regarder si cette particularité avait eu un quelconque impact sur le style de management et sur les résultats financiers de l'entreprise (ou des entreprises) qu'ils ont dirigé. Et ce, de 1980 à 2006.
Ils ont ainsi identifié 1 115 PDG correspondant à ce profil. Près de 40% d'entre eux avaient servi dans l'US Army, la même proportion dans l'US Navy, et le reste, dans l'US Air Force. Pas loin de la moitié d'entre eux avaient été officiers : la plupart du temps, leur grade avait été celui de lieutenant ; rares avaient été ceux qui avaient obtenu un grade supérieur, comme celui de capitaine ou de colonel.
Après analyse de différents critères de performance, les deux chercheurs ont découvert trois choses intéressantes :
> Plus prudents financièrement. Les PDG vétérans ont tendance à moins investir que les autres, notamment dans la R&D. Ils savent que l'argent est "le nerf de la guerre", si bien qu'ils veillent à ne pas le dilapider. «Cela étant, ça ne les empêche pas de faire preuve d'audace lorsqu'ils prennent la décision d'investir», indiquent les deux chercheurs dans leur étude.
> Plus éthiques. Les PDG vétérans sont nettement moins impliqués dans des fraudes que les autres : le risque est 70% moindre. «Cela se vérifie également lorsqu'on compare les PDG vétérans aux PDG non-vétérans titulaires d'un MBA», ajoutent-ils au passage.
> Plus résilients. Les entreprises dirigées par un PDG vétéran affichent de meilleurs résultats financiers en période de crise économique que les autres, en particulier en ce qui concerne le ratio entre la valeur de marché et la valeur comptable de l'entreprise (market-to-book ratio, en anglais). «Quand ils sont sous pression, les PDG vétérans sont plus souples, pour ne pas dire plus résilients, que les PDG non-vétérans titulaires d'un MBA», soulignent-ils encore.