Un détail a attiré l'attention des deux chercheuses : une catégorie de personnes avait nettement plus triché que les autres. Laquelle? Eh bien, les femmes. Oui, les femmes avaient triché de manière éhontée, du moins nettement plus que les hommes.
Bien entendu, Mmes Schwieren et Weichselbaumer ont voulu en connaître la raison. Cela leur a permis de faire une découverte inattendue, mais fort intéressante : en fait, il était trompeur de croire qu'il y avait un comportement distinct en fonction du sexe. Ce n'était pas ça l'élément important, mais autre chose : il se trouvait qu'en fait les femmes qui avaient participé à l'expérience étaient particulièrement mauvaises pour résoudre des labyrinthes. C'était tout.
Les deux chercheuses ont dès lors compris que plus on était mauvais à accomplir la tâche demandée, plus on était prompt à tricher, si l'occasion s'en présentait. Bref, c'est le manque de compétence qui fait le tricheur. «Plus précisément, ceux qui ont le moins de chances de bien faire ce qui leur est demandé sont les plus portés à tricher, c'est-à-dire à chercher un "Plan B" pour s'en sortir tout de même. Et ils envisageront le plus de "Plans B" possible pour multiplier leurs chances de trouver une solution», notent-elles dans leur étude. Et de souligner que plusieurs participants avaient reconnu avoir triché surtout pour «sauver la face» par rapport aux autres, non pas pour tenter d'empocher davantage d'argent.
Fascinant, n'est-ce pas? On ne triche pas vraiment par goût, mais parce qu'on craint l'échec, et par suite le regard moqueur d'autrui après avoir eu vent de notre ratage. Autrement dit, on triche par nécessité, poussé que l'on est à devoir faire toujours mieux. C'est aussi bête que ça.
Vous voilà maintenant prévenus. Si vous mettez, par exemple, les membres de votre équipe en compétition avec ceux d'une autre, ou si vous exacerbez trop l'esprit de compétition, vous risquez de finir par vous en mordre les doigts...
En passant, Jean Cocteau aimait à dire : «Il n'existe que deux manières de gagner la partie : jouer cœur ou tricher».