Comment faire le bon choix en dépit d'une mauvaise information?

Publié le 24/11/2014 à 06:09

Comment faire le bon choix en dépit d'une mauvaise information?

Publié le 24/11/2014 à 06:09

Mission : Impossible? Non, heureusement, grâce à une étude que j'ai dénichée et qui s'intitule Timing decisions in organizations: Communication and authority in a dynamic environment. Une étude signée par trois professeurs de finance : Steven Grenadier, de Stanford (États-Unis); Andrey Malenko, du MIT Sloan (États-Unis); et Nadya Malenko, de l'École de management Carroll à Boston (États-Unis). Une étude qui montre qu'il y a moyen de surmonter cette difficulté récurrente dans notre quotidien au travail.

Ainsi, les trois chercheurs ont concocté un modèle de calcul économétrique à même d'indiquer la meilleure stratégie à suivre dans ces cas de figure-là. Ce modèle de calcul leur a permis d'identifier ce qu'on appelle les points d'équilibre, à savoir toutes les fois où le PDG parvient à faire le bon choix en dépit des informations biaisées dont il dispose.

Revenons à un exemple concret pour bien saisir… Le PDG a tout intérêt à fermer l'usine déficitaire au plus vite, pour des raisons financières, mais il a en même temps bien conscience qu'agir brutalement n'est pas idéal, notamment en ce qui a trait à l'impact humain d'une telle décision. De son côté, l'expert biaisé a conscience du dilemme du PDG, et cherche à en tirer parti : sa stratégie consiste à ne donner que les informations qui vont amener le PDG à faire le choix qu'il souhaite, bref à le manipuler (ex.: informations égrainées au fil du temps, pour justement gagner du temps; mensonges par omission; etc.). Si bien que l'intérêt du modèle de calcul de M. Grenadier et des Malenko réside dans le fait qu'il permet de voir jusqu'à quel niveau de manipulation, pour ne pas dire de tromperie, l'expert biaisé doit se rendre pour faire basculer le PDG dans l'erreur. Et ce, soulignons-le, même si l'objectif premier n'est absolument pas d'amener le PDG à faire une bêtise!

Résultats? Fascinants. Vraiment fascinants :

> Un bon choix, mais pas le meilleur. Lorsque l'expert est biaisé, mais pas trop, et tend à ce que la date retenue par le PDG soit lointaine, il donne en général de bonnes informations, des informations sur lesquelles on peut s'appuyer pour faire le bon choix. Cela étant, le problème qui survient alors est que la date retenue par le PDG est bien souvent tardive, c'est-à-dire qu'elle n'est pas optimale. L'expert biaisé, à force de temporiser, empêche donc le PDG de faire le meilleur choix.

> Un bon choix impossible. Lorsque l'expert est biaisé – peu comme beaucoup – et tend à ce que la date retenue par le PDG soit proche, il donne en général des informations partielles et partiales, des informations sur lesquelles on peut difficilement s'appuyer pour prendre une bonne décision. Si le PDG l'écoute, il risque alors fortement de se tromper.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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