Comment devenir un orateur d'exception?

Publié le 05/06/2014 à 09:11

Comment devenir un orateur d'exception?

Publié le 05/06/2014 à 09:11

Voilà. De ce remarquable orateur, nous ne conservons malheureusement aucune source sonore, et ce manque n’est pas lié à un défaut de technologie. Jaurès a eu des demandes d’enregistrement qu’il a rejetées, arguant du fait qu’il avait besoin «de visages» pour composer. Cette anecdote montre à quel point Jean Jaurès peut être une figure inspirante pour qui est appelé à parler en public.

La preuve? Voici trois conseils pour donner davantage d'impact à vos prochaines interventions en réunion ou, de manière plus générale, en public :

> Soyez fédérateur. Jaurès a su s'imposer comme la figure majeure du socialisme français naissant. Pourtant, il n'était poussé par aucune logique carriériste et n'avait aucune volonté de s'imposer en pactisant avec ses opposants. C'est qu'il était l'homme du consensus, celui qui réussissait la synthèse entre république et socialisme, entre patriotisme et internationalisme, entre marxisme et héritage de la Révolution française. Il était capable de fédérer autour de lui paysans, ouvriers, artisans ainsi qu'intellectuels et fonctionnaires. Bref, il savait parler à chacun comme à tout le monde, en même temps.

> Soyez un éveilleur de conscience. Jaurès n'a jamais hésité à aller à contre-courant de l'opinion publique. Il était un «briseur de chaînes», par la seule force de ses paroles. Il mettait sa pensée et ses mots au service de son action. Il avait le cran «de comprendre le réel et d'aller à l'idéal».

> Communiquez sur trois niveaux. Jaurès donnait de la portée à sa parole en communiquant sur trois niveaux : faire savoir; faire comprendre; faire partager. Dans ses discours, il débutait ainsi par des faits, il donnait ensuite son opinion et il évaluait enfin les conséquences de ses idées. C'est bien simple, il choisissait ses exemples dans le passé, il interpellait sur le présent, puis il se tournait vers l’avenir.

Prenons un exemple : la fin de son discours du 17 juin 1913 sur la Défense nationale. Il termine par ces mots, qui élargissent le propos tenu à rien de moins que l'échelle… de la planète! «Messieurs, plus vos raisons de fond pour justifier la loi sont faibles, plus vous serez obligés, pour la faire accepter au pays, de hausser le ton, de noircir les couleurs, de prononcer peut-être des paroles imprudentes. Nous avons, messieurs, nous, la conviction profonde que nous travaillons à la fois pour la force de l’armée nationale, pour la puissance défensive de la patrie et pour la paix du monde, à laquelle la République française doit donner son concours.» On le voit bien, pour être convaincant, il faut être convaincu par ce que l’on dit.

En passant, le philosophe français Blaise Pascal a dit dans De l'esprit géométrique : «L'art de persuader consiste autant en celui d'agréer qu'en celui de convaincre».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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