Toujours garder la porte arrière ouverte

Publié le 03/12/2010 à 09:20, mis à jour le 03/12/2010 à 10:01

Toujours garder la porte arrière ouverte

Publié le 03/12/2010 à 09:20, mis à jour le 03/12/2010 à 10:01

BLOGUE.

''Il y avait un temps où je visais 100 000$ d'accumulation. Puis, je pensais par la suite que je me serais accompli si javais 1 000 000$. Maintenant, ce n'est plus une question d'argent.''

- Kirk Kerkorian

M. Kerkorian est aujourd'hui un multi-milliardaire. Il a été populaire entre autres pour son investissement dans la compagnie Chrysler en 1999. Il accumulait le titre depuis 1990, et sa mise totale de 1,4G$ atteignit les 5G$ lorsque la fusion avec Daimler-Benz fût annoncée.  

Malgré qu'il soit un décrocheur du niveau secondaire, M. Kirkorian acquit beaucoup d'expérience dans le monde des affaires. Et il prodigua le conseil suivant :

''Garder la porte arrière ouverte!''

Cette affirmation signifie qu'on peut se permettre de perdre de l'argent dans une situation, à condition d'être capable de lever du capital pour une solution de rechange. Autrement dit, il faut prévoir un plan ''B''. Au niveau des actions, deux éléments évidents peuvent servir de solutions de rechange : une faible évaluation du titre et le bilan de l'entreprise sous-jacente.

Un investisseur nous a récemment demandé notre avis sur Netflix (NFLX-Q). Cette entreprise permet à ses clients de visionner une grande quantité de films en échange d'un paiement fixe pour une période donnée. Ses revenus ont progressé de 36M$ à plus de 2G$ sur seulement 10 ans. Selon les analystes, le potentiel de croissance est toujours présent. Il s'agit donc d'une bonne entreprise.

La question ici n'est pas de savoir s'il s'agit d'une bonne entreprise ou non, mais plutôt : ''est-ce un bon placement pour l'investisseur?''. En allouant une croissance des profits de 25% pour l'an prochain, le titre se transigerait à plus de 50 fois les profits. Cela signifie qu'il n'existe pas de marge en cas d'erreur. Pour qu'un tel investissement soit un succès, l'entreprise ne doit en aucun cas décevoir. Et il ne serait pas difficile de créer une déception : un simple ralentissement de la croissance des profits suffirait.

Quant au bilan, il est sain, mais nous sommes loin d'une situation où les actifs pourraient supporter la valeur du titre. L'entreprise vaut 9,8G$ en bourse, alors que sa valeur au livre se chiffre à moins de 200M$.

M. Kerkorian fût actif dans le domaine du transport aérien, et jadis il procéda à un achat de plusieurs avions qu'il comptait revendre à fort profit. En cas d'échec, il prévoyait les louer. Et si cela ne fonctionnait pas non plus, il s'était gardé une dernière porte de sortie en négociant avec le fournisseur un prix de rachat pour ces appareils. C'est lorsque les choses vont bien qu'il faut prévoir les mauvais scénarios!

L'investisseur qui nous a interrogé au sujet de Netflix s'est fait convaincre qu'il s'agissait d'une bonne entreprise. Cependant, si la croissance ne se concrétise pas comme prévue, de quelle façon évitera-t-il de perdre de l'argent étant donnée la généreuse évaluation du titre? Trop souvent, lorsqu'on entend parler d'un investissement phénoménal, la porte arrière est fermée depuis déjà bien longtemps!

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