[Photo : Mathieu Lavallée]
BLOGUE. Alors, où nous mènera l'enquête de SNC-Lavalin: vers une implosion de la société ou une explosion du titre ? Il s'est dit et écrit beaucoup de choses sur ces dépenses de 35 millions de dollars (M$), affectées à des projets auxquels elles n'appartenaient pas.
Une semaine ne s'était pas écoulée qu'une demande d'autorisation de recours collectif était déjà déposée. Une parenthèse, pour dire que cette poursuite fait rougir Thémis, la déesse grecque de la justice. On ne connaît pas encore les faits, et le recours est déjà introduit. Ça sent la course contre la montre pour s'assurer des honoraires, et ça ne fait pas honneur à la profession. Fin de la parenthèse.
Tentons maintenant de voir, avec le peu de faits que l'on a, comment l'histoire et le cours du titre pourraient évoluer.
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D'abord, ce vers quoi pointent les derniers développements. Essentiellement, la découverte de ces 35 M$ de dépenses survient quelques semaines après les congédiements de Stéphane Roy et Riadh Ben Aïssa pour l'aide apportée au fils du président Mouammar Kadhafi. Le premier était vice-président contrôleur de la division infrastructure, le second, tout au haut de l'organigramme de SNC, au bureau du président. M. Roy relevait de M. Aïssa.
Difficile de ne pas relier les événements les uns aux autres et de ne pas penser à des pots-de-vin ou à un financement déguisé pour contourner le code d'éthique. Dans le contexte, quatre scénarios sont envisageables.
1- L'incident est isolé
C'est la situation où le rapport d'enquête conclut que des gestes inappropriés ont été posés, mais ils sont uniquement le fruit d'initiatives personnelles. Tout est clair, personne d'autre n'est impliqué.
Dans ce cas, le titre de SNC (SNC, 39,30$) devrait se redresser significativement. Pas loin des 48 $ où il évoluait avant de plonger.
2- La haute direction est impliquée
C'est un scénario très noir, qu'il ne faut pas pour autant exclure. Si les hauts dirigeants savaient que des gestes non éthiques étaient posés, que ce soit en totalité ou en partie, et les ont tolérés, il est difficile d'envisager comment ils peuvent rester en place.
Deux problèmes dans l'éventualité de ce scénario : il y a une perte d'expertise et de leadership à la barre, ce qui suscite des inquiétudes à l'égard de la croissance future de l'entreprise. Surtout, si on était au courant d'un système de cadeaux et qu'on l'a toléré, il y a une présomption que ce système était en place ailleurs. Et que les nouveaux dirigeants récolteront désormais beaucoup moins de contrats, parce qu'ils ne pourront plus faire des affaires de la même façon.
Dans pareille situation, la probabilité est élevée que le titre fasse un autre pas arrière assez senti.