BLOGUE. Alors, où nous mènera l'enquête de SNC-Lavalin: vers une implosion de la société ou une explosion du titre ? Il s'est dit et écrit beaucoup de choses sur ces dépenses de 35 millions de dollars (M$), affectées à des projets auxquels elles n'appartenaient pas.
Une semaine ne s'était pas écoulée qu'une demande d'autorisation de recours collectif était déjà déposée. Une parenthèse, pour dire que cette poursuite fait rougir Thémis, la déesse grecque de la justice. On ne connaît pas encore les faits, et le recours est déjà introduit. Ça sent la course contre la montre pour s'assurer des honoraires, et ça ne fait pas honneur à la profession. Fin de la parenthèse.
Tentons maintenant de voir, avec le peu de faits que l'on a, comment l'histoire et le cours du titre pourraient évoluer.
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D'abord, ce vers quoi pointent les derniers développements. Essentiellement, la découverte de ces 35 M$ de dépenses survient quelques semaines après les congédiements de Stéphane Roy et Riadh Ben Aïssa pour l'aide apportée au fils du président Mouammar Kadhafi. Le premier était vice-président contrôleur de la division infrastructure, le second, tout au haut de l'organigramme de SNC, au bureau du président. M. Roy relevait de M. Aïssa.
Difficile de ne pas relier les événements les uns aux autres et de ne pas penser à des pots-de-vin ou à un financement déguisé pour contourner le code d'éthique. Dans le contexte, quatre scénarios sont envisageables.
1- L'incident est isolé
C'est la situation où le rapport d'enquête conclut que des gestes inappropriés ont été posés, mais ils sont uniquement le fruit d'initiatives personnelles. Tout est clair, personne d'autre n'est impliqué.
Dans ce cas, le titre de SNC (SNC, 39,30$) devrait se redresser significativement. Pas loin des 48 $ où il évoluait avant de plonger.
2- La haute direction est impliquée
C'est un scénario très noir, qu'il ne faut pas pour autant exclure. Si les hauts dirigeants savaient que des gestes non éthiques étaient posés, que ce soit en totalité ou en partie, et les ont tolérés, il est difficile d'envisager comment ils peuvent rester en place.
Deux problèmes dans l'éventualité de ce scénario : il y a une perte d'expertise et de leadership à la barre, ce qui suscite des inquiétudes à l'égard de la croissance future de l'entreprise. Surtout, si on était au courant d'un système de cadeaux et qu'on l'a toléré, il y a une présomption que ce système était en place ailleurs. Et que les nouveaux dirigeants récolteront désormais beaucoup moins de contrats, parce qu'ils ne pourront plus faire des affaires de la même façon.
Dans pareille situation, la probabilité est élevée que le titre fasse un autre pas arrière assez senti.
3- La haute direction est épargnée, mais un activiste se présente
Il s'agit d'un scénario mitoyen où l'on conclut à des gestes isolés en Libye. Mais il reste des doutes quant aux pratiques dans les autres activités de l'entreprise, parce que l'enquête n'a pas embrassé suffisamment large. Un actionnaire activiste demande une enquête élargie. Sa requête est soit acceptée, soit portée à une assemblée spéciale où il est probable qu'elle soit battue.
Dans l'intérim, le titre ne plonge pas, mais ne remonte pas non plus. On ne fait que prolonger pour quelques mois le suspense actuel. Jusqu'à ce qu'une enquête blanchisse totalement la haute direction (scénario 1) ou l'incrimine (scénario 2).
4- La haute direction est épargnée et il n'y a pas d'activiste
Dans cette situation, l'enquête conclut à des gestes isolés, mais, même s'il n'y a pas d'activiste, comme elle n'a pas été au fond des choses, des doutes demeurent sur les pratiques de SNC. Le marché accorde au titre une évaluation plus faible qu'historiquement, de crainte que, échaudée, la direction ne mette maintenant au rancart d'éventuels budgets de recrutement et que le carnet de commandes ne faiblisse. Le titre remonte, mais ne recouvre pas ses pertes.
Que se passera-t-il à la fin de mars ?
Quelque chose nous dit que l'on se dirige sans doute vers le scénario numéro 4. SNC dit vouloir publier ses résultats avant cette date. Ça semble trop peu de temps pour une enquête en profondeur.
Appliquons donc le scénario.
Plusieurs analystes estiment que le portefeuille des 17 infrastructures de la firme et l'encaisse valent au moins 20 $ par action. La plupart croient aussi que les activités d'ingénierie devraient rapporter au moins 2 $ par action en 2012. Historiquement, le multiple de la société a en moyenne été de 15. Abaissons-le à 12.
Le titre pourrait donc rebondir vers les 44 $ dans les jours suivant les résultats. Pour la suite des choses, ça reste difficile à dire. Tout dépendra de la tenue de l'économie mondiale, ce qui est tout aussi incertain.
Sur le radar
DANS LE DÉTAIL
DONNÉES DE MARCHÉ
SYMBOLE / SNC
Prix actuel 39,40 $
Fourchette 52 sem. 36,56 $ - 59,97 $
Dividende 0,84 $
Valeur boursière 6 G$
PRÉVISIONS DE BÉNÉFICES PAR ACTION¹
ANNÉE / 2011 / 2012
31 déc. / 2,41 $ / 2,83 $
T1 / 0,49 $ / 0,63 $
T2 / 0,66 $ / 0,64 $
T3 / 0,83 $ / 0,72 $
T4 / 0,44 $ / 0,74 $
RECOMMANDATIONS DES ANALYSTES
Achat 2
Surperforme 4
Conserver 7
Sous-performe 0
Vendre 0
CIBLE DES ANALYSTES
Moyenne: 51 $
Plus élevée 63 $
Plus basse 40 $
¹ Incluant les participations infrastructures
Sources : Thomson Reuters, Bloomberg