Pouliot - Québec décidera de l'avenir de Rona

Publié le 15/11/2012 à 09:13, mis à jour le 15/11/2012 à 09:13

Pouliot - Québec décidera de l'avenir de Rona

Publié le 15/11/2012 à 09:13, mis à jour le 15/11/2012 à 09:13

Comment la situation évoluera-t-elle?

La Caisse de dépôt, plus important actionnaire détient 14,18% des actions (Invesco en détient 10,16%). Elle est présumée défavorable à la vente de Rona à Lowe's. Elle est cependant prise en porte-à-faux avec sa mission et doit décider entre rendement et développement économique.

Les marchands de Rona sont présumés défavorables et détenir plus de 10% du capital. Le Fonds de solidarité est également présumée défavorable et détient 3,5%.

On n'est pas loin de 30% d'opposants présumés à la vente. Mais même si tous devaient voter contre le renversement du conseil, celui-ci n'aura vraisemblablement pas assez d'appuis. Il ne suffit que d'obtenir 50% plus un du suffrage pour le renverser.

Si le conseil est démis, la vente peut-elle être empêchée?

Si Invesco réussit à installer un nouveau conseil, une vente à Lowe's pourrait-elle être bloquée?

Les lois canadiennes font en sorte qu'un acquéreur qui obtient 66% des actions d'une compagnie a la possibilité de forcer la vente du reste des actions.

Lowe's cherche assurément à obtenir 100% du contrôle de manière à pouvoir utiliser 100% des flux de trésorerie du quincaillier québécois pour rembourser la dette que lui occasionnera l'acquisition. Si on se fie à notre petit décompte, il se pourrait bien qu'elle ne soit pas en mesure d'obtenir une telle hauteur.

Elle devra alors décider si elle n'achète qu'un bloc contrôle. La probabilité est bonne que c'est ce qu'elle fera. Elle pourra obtenir la majorité des sièges, implanter ses politiques, apprendre de l'exploitation de plus petits formats et, éventuellement, plus tard, lorsque les choses se seront calmées, racheter ce qui lui manque.

Ne reste donc que deux options aux opposants à la vente.

Le fédéral a la possibilité de déterminer qu'une acquisition n'est pas à « l'avantage net du Canada ». Dans le contexte actuel, avec le vent de réprobation internationale qui soutient que le Canada a trop tendance à utiliser l'avenue, il est peu probable qu'Ottawa oppose son veto.

Il faut aussi reconnaître qu'il est difficile de qualifier Rona de rouage stratégique pour l'économie du pays.

Il reste donc une option, celle de voir le gouvernement du Québec tenter un blocage de la vente par un amendement à la Loi sur les valeurs mobilières. En faisant entrer dans la loi la philosophie du capitalisme de gauche.

Évidemment on pourrait aussi tenter d'attirer un chevalier blanc, comme Canadian Tire. Mais on n'y croit pas tellement.

C'est le gouvernement du Québec qui décidera de l'avenir de Rona. S'il songe à bloquer il n'aura guère le choix que de lancer un nouveau débat sur la définition du capitalisme. Ce qui ne manquera pas de faire bien des remous dans l'ensemble du Canada.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

Lire aussi Rona: Québec suit la situation de près

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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