François Pouliot: ce marché est-il surévalué ?

Publié le 21/02/2011 à 08:30, mis à jour le 21/02/2011 à 10:16

François Pouliot: ce marché est-il surévalué ?

Publié le 21/02/2011 à 08:30, mis à jour le 21/02/2011 à 10:16

[Photo : Bloomberg]

Le graphique (PDF à droite) nous a rappelé une déclaration d'un gestionnaire, croisé à l'assemblée de Berkshire Hathaway il y a quelques années. On cite de mémoire : " Les marges bénéficiaires des sociétés arrivent à un niveau très élevé, qui est vraisemblablement insoutenable. La croissance des bénéfices ne pourra se maintenir à son rythme des dernières années. "

Laissez le texte quelques minutes et allez cliquer sur le PDF (merci à l'économiste en chef de la Banque Nationale, Stéfane Marion). Attardez-vous à la ligne bleue.

C'est ça : à 23 %, les marges bénéficiaires des sociétés américaines sont sur le point d'atteindre un nouveau sommet. La dernière fois, en fait la seule où elles étaient montées à un niveau aussi élevé, c'était en 2007. Les marges des sociétés du S & P 500 avaient alors atteint les 24 %. On connaît la suite. Un dégonflement total et une solide récession.

À l'époque de l'assemblée annuelle, Warren Buffett avait lui aussi abordé la question, mais sous un autre angle, en expliquant que le niveau de bénéfice des sociétés correspondait maintenant à un pourcentage trop important du PIB américain pour que la croissance se poursuive avec le même élan. Lorsque les bénéfices représentent un poids trop important du PIB, toutes sortes de pressions sociales commencent généralement à s'exercer. Les employés voient la rentabilité de leur employeur et réclament eux aussi leur part du gâteau. Les gouvernements constatent que le moment est propice pour étendre les protections sociales. Et ainsi de suite.

En route vers une chute des marges ?

Probablement.

Outre en 2007, il faut en fait retourner près de 45 ans en arrière pour retrouver une situation où les marges étaient aussi élevées qu'aujourd'hui.

Dans les deux cas, elles avaient fini par revenir aux alentours de 14 %.

La seule différence est qu'en 1965, l'atterrissage s'est produit sur cinq ans et, en 2007, sur deux ans.

Est-ce que les bénéfices vont obligatoirement reculer ?

Pas nécessairement. Il est possible que la marge bénéficiaire recule, mais que les volumes croissent, poussés par une économie en progression.

En 2009, deux ans après que les marges eurent atteint un sommet, le PIB avait chuté de 2,6 % et les bénéfices s'étaient effondrés de 90 %.

En 1965, au contraire, le PIB réel avait continué à avancer pendant les cinq années suivantes (+ 6,5 %, + 2,5 %, + 4,8 %, + 3 % et + 0,2 %). Ce qui n'avait donné que peu de résultats sur les bénéfices : sur cinq ans, les profits n'avaient augmenté que de 3,9 % (probablement grâce à l'inflation).

Est-ce que les marchés boursiers vont nécessairement reculer ?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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