L'Action de grâce arrive tôt en Bourse

Publié le 16/11/2018 à 17:22

L'Action de grâce arrive tôt en Bourse

Publié le 16/11/2018 à 17:22

Les analystes techniques croient que les indices doivent retourner aux bas d’octobre, pour valider le plancher en quelque sorte, avant de repartir sur des nouvelles bases.

Les investisseurs ont pu ignorer ces puristes vendredi parce que l’Action de grâce est arrivée tôt en Bourse.

La fête américaine qui déclenche habituellement la saison du magasinage des Fêtes, et avec elle le rallye du Père Noël en Bourse, s’est pointée cinq jours à l’avance.

Les investisseurs ont eu droit à une véritable superfecta pour emprunter une formule propre aux paris mutuels.

Une Fed moins ridige, le ton adouci du bras de fer entre Washington et la Chine avant le sommet du G20 le 30 novembre, ainsi que le recul des taux d’intérêt de 10 ans ont provoqué un soupir de soulagement en Bourse, le 16 novembre.

L’occupant de la Maison-Blanche a évoqué la possibilité de suspendre les nouveaux tarifs douaniers de 25% prévus pour janvier, après que les négociateurs américains lui aient transmis certaines concessions de la part de la Chine pour faire progresser les pourparlers.

Quant à la Fed, son président Jerome Powell a évoqué la possibilité d’une pause dans la hausse du taux directeur l’an prochain tout en gardant un œil sur la modération économique mondiale, sur l’effet décroissant de la baisse des impôts aux États-Unis, ainsi que sur l’impact décalé sur l’économie américaine des huit tours de vis.

Ce changement de ton a été transmis au cours d’un dialogue informel entre M. Powell et le président de la Fed de Dallas Robert Kaplan, lors d’un événement de routine, révèle l’agence Bloomberg.

Le nouveau vice-président de la Banque centrale a ajouté à cette détente lors d’une entrevue accordée au réseau CNBC. Richard Clarida a premièrement convenu que l’économie mondiale ralentissait pour ensuite ajouter que le taux directeur s’approche du niveau neutre souhaité.

La contraction des économies allemande et japonaise au troisième trimestre n’est peut-être pas étrangère à ce changement subtil de ton.

La chute de l’indicateur avancé des pays développés de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) à son plus bas niveau depuis 2012 suscite des craintes.

Douglas Porter, économiste en chef de BMO Marchés des capitaux, rappelle toutefois que l’économie mondiale vogue encore à un rythme de 3,6%, à peine plus faible que celui de 3,7% de l’an dernier. Pour 2019, BMO table sur une progression «fort respectable» d’encore 3,4%.

Le 19 décembre, la Fed pourrait utiliser la conférence de presse et la neuvième hausse du taux directeur pour préciser sa pensée davantage.

Les banques centrales aspirent toujours à orchestrer un «atterrissage en douceur» de l’économie quand elles relèvent les taux. Elles n’y arrivent toutefois pas à chaque occasion, d’où l’anxiété aigüe des investisseurs à ce stade avancé du cycle économique.

Martin Roberge, de Canaccord Genuity, rappelle que la Fed a mis un terme ou suspendu son resserrement monétaire après une chute de 34% de l’indice Nasdaq en mai 2000 et de 46% des constructeurs de maisons à la mi-2006.

Cette fois, les titres du club des FAANGs (Facebook, Amazon, Apple, Netflix, Google), les têtes d’affiche des excès financiers, ont perdu 25% de leur valeur depuis le sommet de juillet, dit-il.

Le stratège quantitatif s’attend à une pause par la Fed après la neuvième hausse en décembre.

Enfin, le repli de 0,6% du dollar américain vendredi a aussi rasséréné les marchés.

Le bond de 8% du billet vert en 2018 avait nuit aux multinationales et exportateurs américains.

Autre élément du superfecta: le taux d’inflation de base, sans les aliments et l’énergie, est passé de 2,2 à 2,1%, en octobre.

La chute brutale de 20% du cours du pétrole en six semaines ébranle les producteurs et les obligations qu’ils émettent, mais les consommateurs ne s’en plaindront pas.

Résultat: les taux repères de 10 ans sont retombés à 3,07%, leur plus faible niveau en six semaines.

Les taux de deux ans, les plus arrimés à la politique de la Fed, ont reculé pour une cinquième journée consécutive à 2,80%.

Pour la semaine, le S&P 500 a perdu 1,6%, le Dow Jones 2,2% et le Nasdaq 2,1%.

L’indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto a fléchi de 0,8%.

Il est bien sûr trop tôt pour affirmer que le vent a tourné en Bourse, car les prochaines semaines seront riches en rebondissements.

Déjà, certains observateurs accusent les négociateurs de retenir seulement ce qu’ils veulent entendre des représentants de la Fed.

Si c’est le cas, la soupape qu’offre le recul des taux et du dollar américain sera de courte durée.

Pour l’instant, les investisseurs pourront au moins un peu mieux digérer leur dinde festive, en famille.

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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