Bourse : un peu de frousse en ce vendredi 13

Publié le 13/11/2015 à 17:47

Bourse : un peu de frousse en ce vendredi 13

Publié le 13/11/2015 à 17:47

Photo Bloomberg.

Après six semaines de gains aux États-Unis, on assiste de nouveau à une grève d’acheteurs en Bourse.

Les indices américains ont tous perdu 3% cette semaine, leur pire performance depuis la dégelée de 12,5% du mois d’août.

Le décompte de 14 jours ouvrables avant la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) et celui de 23 jours avant celle de la Réserve fédérale (Fed) garde évidemment les investisseurs sur les dents.

Le remaniement des portefeuilles de fin d’année accentue aussi les mouvements.

Les décisions de ces deux banques centrales ainsi que leurs arguments dinfluenceront l’humeur des investisseurs et la valeur des actifs de tout acabit, à l’aube de 2016.

La dernière fois que les politiques monétaires de la Fed et del’Europe ont divergé en 1937, en 1987 et en 1994, les marchés obligataires et la Bourse ont connu d’importants spasmes, rappelle Bank of America Merrill Lynch.

Normalement, les pros auraient trouvé refuge dans les obligations, mais la menace d’une hausse des taux les tient à l’écart de cette classe d’actif.

Cette fois, les investisseurs mondiaux ont plutôt stationné 105 milliards de dollars américains de leur capital dans les fonds du marché monétaire, depuis six semaines, Il s'agit des plus importantes rentrées de fonds en un si court lapse de temps, depuis la faillite de Lehman Brothers, en 2008, indique l’institution.

Il faut que les ressources se stabilisent bientôt

Tactiquement, le S&P 500 pourrait encore faiblir d’ici la décision de la Fed, mais l’indice-phare devrait rester au-dessus de la barre des 2100 points, en autant que les devises asiatiques et les cours des ressources se stabilisent, croit Bank of America Merrill Lynch.

La rechute du pétrole et d’autres matières premières cette semaine alimente d’autres inquiétudes puisqu’elle semble tirer l’économie mondiale vers le bas au lieu de la stimuler.

L’indice des ressources de Bloomberg flirte avec le creux qu’il avait touché lors de la crise asiatique de 1998-99.

Pas étonnant dans ce contexte que le géant minier australien BHP Billiton ait effacé les dix ans d’appréciation qu’il avait connu pendant le dernier boom d’investissement en Chine.

Le S&P/TSX en souffre évidemment le plus, avec un nouveau recul de 4,5% en huit jours. L’indice torontois n’a pas été aussi bas par rapport au S&P 500, depuis 2001.

Martin Roberge, stratège quantitatif de Canaccord Genuity, est tout de même rassuré un peu par le fait les monnaies des pays producteurs - tels que le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande - ainsi que les titres de dettes et les actions des pays émergents ont relativement bien résisté cette semaine.

Leur valeur n’est pas retombée sous les creux connus lors du violent mouvement de repli du mois d’août, dit-il.

Si le dollar américain freine sa course, une fois que la Fed aura mis fin à son suspense, la valeur des actifs qui en dépendent devrait reprendre du mieux, espère le stratège.

L’appréciation de 17% du dollar américain depuis un an a le même effet qu’une hausse de 1,5% du taux directeur de la Fed, ce qui ralentit déjà l’économie tout en important la désinflation.

Les prix des produits importés ont chuté de 10% en octobre, entraînant avec eux l’indice américain des prix à la production.

Il est important que le cours des ressources se stabilise parce que leur dégringolade mine la confiance, ce qui dans une sorte de cercle vicieux peut justement provoquer la récession mondiale que les investisseurs redoutent tant, explique pour sa part Julian Jessop, de Capital Economics.

"Nous serions nettement plus confiants concernant les perspectives mondiales si les ressources reprenaient du mieux au cours des prochains mois. Heureusement, c'est ce que nous prévoyons", écrt l'économiste londonien.

Comment justifier une hausse des taux ?

Chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, le stratège Luc Vallée, persiste à croire que la chute des cours des ressources aura éventuellement son effet bénéfique habituel sur la croissance.

«L’impact positif des bas prix des ressources est plus diffus et s’étale dans le temps, tandis que l’impact négatif est plus concentré à court terme», explique-t-il.

M. Vallée considère que le vacillement de la Bourse est tout à fait naturel après cinq ans de hausses.

«La Bourse se cherche tout simplement un nouvel équilibre. Les investisseurs se déplacent des secteurs en difficultés vers ceux dont les perspectives sont meilleures», dit-il.

Pour justifier sa première hausse de taux depuis 2006, la Fed mise sur le fait que l’effet néfaste du pétrole et du dollar sur l’inflation s’atténuera statistiquement à partir du début de 2016.

Si c’était le cas, la «psychose déflationniste» qui retient les investissements des entreprises et les dépenses des consommateurs pourrait elle aussi s’estomper.

Ceci dit, les forces déflationnistes mondiales de l’endettement et de la main-d’oeuvre bon marché perdureront et assureront une très lente la remontée des taux, indique M. Vallée.

 

 

 

 

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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