BLOGUE. La tempête à Washington fait couler beaucoup d’encre et monopolise les réseaux de télé américains, mais elle a remarquablement peu d’effet dans les marchés financiers.
C’est signe que les investisseurs attendent d’être rassurés concernant la trajectoire de l’économie avant de revenir aux actions et de donner un dernier élan à la Bourse, croit Michael Hartnett, stratège en chef de Bank of America Merrill.
Le baromètre de la peur, l’indice de volatilité VIX, actuellement à 16,7, a peu bougé pendant le cirque médiatique à Washington, alors qu’il avait grimpé jusqu’à 50, lors des négociations entourant le plafond légal de la dette américaine, en 2011.
Il y a deux ans, les banques américaines avaient aussi plongé de 20 % en Bourse. Cette fois, l’indice bancaire du S&P 500 est à peu près au même point qu’au début de septembre.
Aussi, les investisseurs ont vendu seulement un milliard de dollars de fonds d’actions et d’obligations jusqu’ici, comparativement à des sorties d’argent de 60 milliards de dollars, en 2011, rappelle M. Hartnett.
« Structurellement, les investisseurs préfèrent les actions aux obligations. L’impasse à Washington crée donc une sorte de grève de vendeurs en Bourse et une grève d’acheteurs dans les obligations », dit le stratège.
La tentation d’acheter dans les replis est forte, étant donné la hausse de 17 % des actions mondiales depuis le début de l’année, par rapport au recul de 2 % des obligations mondiales et de 3 % des matières premières.
« Les largesses des banques centrales (des liquidités maximum) et l’égoïsme des entreprises (les profits maximum) sont une combinaison très favorable pour la Bourse », évoque M. Hartnett.
Mais pour que les investisseurs se déplacent en force des obligations aux actions toutefois, ils doivent regagner confiance dans l’économie, ajoute-t-il.
Or, plusieurs craignent encore que la reprise américaine prenne une tournure à la japonaise, c’est-à-dire qu’elle devienne de plus en plus insensible aux stimuli monétaires.
M. Harnett se montre rassurant en démontrant, graphique à l’appui, que les actions, le marché immobilier, le volume des prêts et les intentions d’embauche par les petites entreprises aux États-Unis ont déjà progressé beaucoup plus vite qu’au Japon, cinq ans après leur crise.
« Ces progrès démontrent que les secteurs qui dépendent des taux réagissent aux mesures des autorités monétaires pour redresser la valeur des actifs », explique M. Harnett.
Quels sont ces fameux trois signaux annonciateurs ?
Un rebond des obligations de sociétés, des titres des banques et du dollar américain contribuerait à redonner confiance aux investisseurs, croit M. Hartnett.