Trudeau et Morneau, ces brise-rêves

Publié le 29/09/2017 à 08:16

Trudeau et Morneau, ces brise-rêves

Publié le 29/09/2017 à 08:16

Bill Morneau et Justin Trudeau. Photo: Getty Images.

Qui d’entre vous n’a pas déjà regardé Dans l’oeil du Dragon, l’émission où des gens ordinaires viennent chercher du financement auprès d’entrepreneurs vedettes pour faire décoller leur propre projet d’affaires.

Des inventeurs de poubelles anti-raton laveur, des confectionneurs de biscuits aussi nourrissants pour les chiens que pour les sportifs, des amateurs de bières artisanales, des mamans imaginatives désireuses de soulager leurs semblables défilent pour convaincre un jury d’anges financiers qu’ils ont trouvé le moyen de combler un besoin mieux que quiconque ou la solution à un problème dont on ignorait même l’existence. Ça jase de demande, de concurrence, de mise en marché, de modèle d’affaires, de valorisation… C’est amusant et impressionnant à la fois. Ils ont du coeur au ventre. Moi, j’aurais la trouille.

Ce n’est pas tout à fait dans la même veine, mais un peu, le collègue Matthieu a démarré il y a quelques mois une série de balados (podcast), Les Dérangeants, avec des jeunes entrepreneurs qui nous parlent quant à eux des difficultés qu’ils rencontrent, de financement, de croissance, de conciliation, de branding, du feu sacré qui les anime et qui vacille parfois. C’est amusant et instructif. Et je ne vous parle pas de la voix de Matthieu.

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Outre qu’il y est question des péripéties d’entrepreneurs, Les Dragons et Les Dérangeants ont ceci en commun qu’on n’y discute pas de ce sujet: l’impôt.

Vous savez pourquoi? Parce que ça n’a rien à voir avec le fait d’entreprendre.

Vous me voyez venir… et je vous fais suer dès que j’aborde le sujet de la réforme fiscale des PME. Ou fuir. Qu’importe.

Je ne suis pas entrepreneur, mais permettez-moi tout de même de mettre en doute un argument qu’on oppose au projet de réforme. Je ne crois pas que des gens se lancent en affaires pour mettre en place une structure de fractionnement de revenu ou pour détenir un portefeuille de placements passifs dans une société. En fait, l’entrepreneur n’a aucune idée que ces machins fiscaux existent. Jusqu’au jour où on lui présente un fiscaliste, quand sa business est assez grande.

Alors, lâchez-nous avec cet argument selon lequel la réforme de la fiscalité va nuire à l’entrepreneuriat.

Le débat entourant cette réforme dérape un peu. Il devient émotif. Larmoyant par moment. Je vous fais grâce de ce qui s’écrit dans le Globe & Mail et plus encore dans le National Post. Je lisais sur notre site (on respecte la diversité d’opinions) que Justin Trudeau (et sous-entendu son ministre des Finances) broyait du rêve entrepreneurial, tels Croque Mitaine et Bonhomme Sept Heures qui font peur aux enfants qui vendent encore de la limonade entre chien et loup.

Dans ce débat, on évoque souvent les risques que prennent les entrepreneurs. Ils consacrent un temps fou à leur entreprise, ils y mettent leurs économies, ils vont parfois jusqu’à hypothéquer leur maison, sans aucune garantie que leur projet fonctionnera. Ainsi en est-il à chaque étape de croissance, où il faut toujours mettre du temps, convaincre des banquiers, des partenaires, son conjoint…

Ne pas entraver ce périlleux processus, cela veut dire laisser de l’air à l’entreprise. Ne pas l’étouffer avec de la paperasse tatillonne ni des impôts excessifs. Ce qui explique que la petite entreprise est imposée à un taux moins élevé qu’un individu. Et on pourrait toujours les baisser, ce n’est pas le débat ici. Quant à la paperasse, la situation est perfectible, pour le moins.

Corrigez-moi si je me trompe, mais outre des cas particuliers auxquels il faudra s’attarder, notamment à la vente de l’entreprise, je ne vois pas en quoi la réforme vient détériorer l’environnement d’affaires. On ne hausse pas les impôts des entreprises.

Évidemment, si le but des petits entrepreneurs comme Vinny, Andréanne ou Bastien était de payer personnellement moins d’impôt grâce à une fiducie par laquelle ils verserait des dividendes à leurs enfants qui ne participent pas aux activités de leur entreprise, alors c’est vrai. Leur rêve est brisé.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.