Endettement: faut-il avoir peur de l'épouvantail?

Publié le 10/02/2015 à 12:24

Endettement: faut-il avoir peur de l'épouvantail?

Publié le 10/02/2015 à 12:24

 

Comment calculer votre taux d'endettement

À 162%, le taux d’endettement par rapport au revenu atteint des sommets inégalés, certes. Mais l’enflure de cette donnée est pour beaucoup le résultat de la hausse des prix dans les régions les plus chaudes du pays. On pense notamment à Vancouver, Calgary et Toronto. En raison d’un marché de l’immobilier beaucoup moins cher au Québec, le ratio d’endettement est plus bas ici, même en tenant compte des salaires moins élevés.

Comme la majeure partie de l’endettement des ménages repose sur un actif, la maison, la dette est moins maligne. La situation deviendrait problématique si le prix des maisons devait encaisser un net recul. Or, le marché de l’immobilier au Québec semble avoir atteint un point d’équilibre après avoir effectué un atterrissage en douceur, selon un récent rapport du Mouvement Desjardins. Un krach semble donc peu probable.

Certains ménages pourraient éprouver des difficultés si les taux d’intérêt devaient monter. Plus vous êtes endetté, plus une hausse des taux vient gruger votre budget. Rien n’est impossible, mais le scénario d’une hausse rapide est de moins en moins plausible. Au contraire, la banque du Canada a abaissé son taux directeur le mois dernier.

Cela dit, beaucoup d’économistes mettent en doute le ratio d’endettement par rapport au revenu comme mesure fiable de la capacité des ménages à honorer leurs emprunts. Beaucoup lui préfèrent le ratio de service de la dette. Cette donnée a l’avantage d’indiquer clairement comment le poids de la dette vient peser sur le budget de la famille. Et le résultat est souvent beaucoup moins alarmiste que l’indicateur le plus souvent galvaudé.

C’est d’ailleurs la méthode proposée par l’Agence de la consommation en matière financière du Canada, le même organisme fédéral qui promeut la littératie financière au pays. Pour calculer ce ratio, vous devez additionner tous les paiements mensuels sur vos emprunts, le diviser sur votre revenu mensuel brut et multiplier le résultat par 100. Si votre résultat se situe en bas de 30%, votre situation est relativement sous contrôle et vous pouvez encaisser une hausse des taux hypothécaires. À plus de 40%, vous êtes à risque de défaut de paiement.

Calculé sur la base d’un revenu familial de 80 000 dollars, d’une hypothèque de 250 000 dollars sur 25 ans (3,5%) et d’un prêt-auto de 25 000 dollars sur 5 ans (0%), le ratio de service de la dette des jeunes parents exposés plus haut atteint environ 25%.

À plus de 420%, leur ratio d’endettement par rapport au revenu suggère plutôt la faillite personnelle. C’est vous dire.

Bien sûr, bien sûr, bien sûr, l’idée n’est pas de minimiser l’endettement des ménages québécois. Faites vos calculs, n’achetez pas une maison au-dessus de vos moyens, remboursez vos dettes rapidement, etc, etc.

Mais dans les conditions du marché, accéder à la propriété sans nourrir l’épouvantail relève de l’exploit.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.