Endettement: faut-il avoir peur de l'épouvantail?

Publié le 10/02/2015 à 12:24

Endettement: faut-il avoir peur de l'épouvantail?

Publié le 10/02/2015 à 12:24

L’histoire est commune. C’est le couple qui vient d’entrer dans la trentaine, carrière prometteuse pour les deux conjoints, mais un peu cahoteuse sur les premiers kilomètres. Ils habitent un appartement un peu croche d’un quartier central à Montréal, mais la proximité de l’action fait plus que compenser le dénivelé du logement conçu en longueur. Une auto? Non. Ce serait au mieux inutile, sinon un paquet de troubles dans un quartier où elle est honnie (à moins que ce soit le maire de l’arrondissement, c’est selon).

Puis arrive un bébé…

Évidemment, leur nid perché au troisième étage d’un immeuble ne convient plus. Alors débute la quête d’un rez-de-chaussée, idéalement jouxté d’une cour dans les quartiers centraux de Montréal.

Bonne chance!

Après quelques mois à écumer les petites annonces et lancer des appels sur Facebook, les jeunes parents se résignent à s’installer en dehors de l’île, non sans avoir le sentiment de tourner la page sur un pan de leur vie. À cet égard, c’est vrai que le nouveau-né a préparé le terrain.

Deux mois plus tard, le jeune couple est l’heureux propriétaire d’un jumelé, avec une grande cour, sur la Rive-Sud, et roule en minifourgonnette. Il a hérité au passage d’une dette hypothécaire de 250 000 dollars, en plus des mensualités sur un véhicule neuf. C’est beaucoup, j’en conviens. Mais pour les jeunes familles, c’est le prix à payer en 2015 pour posséder sa maison. 

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Alors, quand je lis ces rapports qui font état de l’endettement catastrophique des ménages, je me demande si la solution ne serait pas d’enfermer ces nouvelles familles dans des communes le temps qu’elles accumulent une imposante mise de fonds…

Depuis plusieurs années, on affirme que le taux d’endettement des Canadiens approche celui des Américains à la veille de la crise financière et le krach de l’immobilier, en 2008-2009. Encore la semaine dernière, une étude de McKinsey affirmait que les ménages du Canada et de l’Australie affichaient, parmi ceux des pays occidentaux, le pire ratio d’endettement par rapport à leur revenu. Chez les Canadiens, il se situe autour de 162%. Autrement dit, pour un salaire disponible de 100 dollars (après impôt), vous êtes endetté de 162 dollars.

«Ce que la crise financière a montré, c’est que lorsque les prix de l’immobilier grimpent et que les dettes des ménages gonflent, ce peut être une combinaison mortelle», affirmait une partenaire de la firme McKinsey au quotidien Globe & Mail, la semaine dernière.

Je ne comprends pas pourquoi on continue à brandir cet épouvantail. En 2008, les banques américaines prêtaient à n’importe qui sous le prétexte que (ou nourrissant l’idée que) les prix de l’immobilier allaient monter éternellement, alimentant du fait la bulle immobilière. Ces créances étaient de si mauvaise qualité que les prêteurs, pour dissiper le risque, les ont transformées en titres financiers (titrisation). Et ces derniers sont venus contaminer le marché des capitaux. Vous vous rappelez des fameux papiers commerciaux (PCAA) qui ont hanté la Caisse, la Banque Nationale et Jean Coutu ?

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.