Éliminer la moitié des autos?

Publié le 16/10/2018 à 11:44

Éliminer la moitié des autos?

Publié le 16/10/2018 à 11:44

Pour contenir le réchauffement de la planète sous le seuil critique de 1,5 °C, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le GIEC, préconise l’élimination en quelques années de l’équivalent de la moitié des automobiles et des camions roulant sur nos routes.

Quel carnage ce serait! Ce ne serait pas propre.

S’attaquer comme ça à cette extension de nous-mêmes, nous priver de notre principal marqueur social et profaner nos libertés, êtes-vous fous? On nous amputerait les jambes trop près du tronc que ce ne serait pas pire. Même après avoir coupé tout ce qui dépasse.

On ne serait pas seulement limités dans nos déplacements. Il faudrait se rendre à l’évidence: il n’y aurait plus de quoi pavoiser.

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Je me demande si les experts du climat sont sérieux en présentant une solution pareille, excessivement ambitieuse. À moins que ce soit une façon détournée de nous annoncer qu’il est trop tard et qu’il vaudrait mieux se préparer à l’inéluctable.

Mais l’entend-on seulement? Quel poids a ce message des scientifiques du GIEC en comparaison de celui, par exemple, de Mariloup Wolfe et Guillaume Lemay-Thivierge? Nous macérons du matin au soir dans les slogans niais qui ne nous promettent que du positif, comme la sécurité dans la jungle urbaine et la découverte de nouveaux mondes palpitants, au-delà des ponts.

Constructeurs, concessionnaires, assureurs, réparateurs de pare-brise et vendeurs de pneus ont fini par imposer l’idée que tout tournait autour de l’auto. Depuis des décennies, on nous conditionne à l’idée qu’elle est synonyme de commodité, de liberté, de rapidité, de succès et de richesse. On y croit, alors que notre expérience nous prouve chaque jour le contraire. Il faut désormais quitter la maison avant 6 heures du matin pour éviter la congestion sur le chemin du bureau, sans garantie. On ne se trouve pas moins souvent emprisonnés dans les bouchons et quand tout va bien, on aura toujours l’assurance de se faire escroquer au prochain plein d’essence.

Loin de nous enrichir, l’auto a plutôt tendance à nous assécher les finances. Derrière un bilan financier catastrophique, il y a une, sinon deux voitures. De tout ce que nous consommons, l’auto est de loin le principal facteur d’appauvrissement.

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Oui, je sais. À moins de vivre et de travailler dans une ville bien desservie en transports collectifs, la voiture reste incontournable. Cette nécessité résulte d’un biais favorable à l’auto qui perdure depuis le temps de mes grands-parents, quand il a été décidé que le service de transport en commun serait l’option misérable de ceux qui n’avaient pas les moyens de se payer un véhicule personnel.

Cela a eu pour conséquence la détérioration des services de transport au profit du développement des infrastructures routières. La voiture s’est imposée pour tout le monde, même pour ceux qui n'en avaient pas les moyens.

En dépit de tous les inconvénients avérés de l’automobile, la mentalité provoiture reste bien ancrée, dans certains esprits plus que d’autres du moins. Les plus rompues à l’idée ont encore tendance à voir dans l’autobus et le métro l’expression détestable d’un communisme larvé. Ils cachent l'ennemi. 

Ils n’abandonneront pas leur voiture, et ce n’est pas là le problème. C’est que parmi les autres, ils sont encore nombreux à ne pas être tentés par le transport en commun.

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C’est une chronique de finances personnelles, rappelons les quelques conseils d’usage.

À moins qu’elle soit indispensable pour gagner de l’argent, la voiture n’est jamais un choix financier judicieux, point.

Quelle est la voiture la plus ruineuse? La neuve. Le premier propriétaire assume toujours l’essentiel des coûts de dépréciation, qui commencent à s’accumuler à la sortie du concessionnaire.

Je lisais qu’aux États-Unis, les mensualités à l’achat d’une voiture neuve dépassaient désormais plus de 500 dollars (US) en moyenne. Je ne sais pas à combien elles s’élèvent ici, ce doit être moins élevé, mais tout de même, parions qu’elles sont assez importantes. Le montant ne comprend pas les coûts d’assurance, d’entretien et d’essence. Juste d’y penser, je ressens une douleur au bras gauche.

Acheter une voiture usagée de deux ou trois ans permet d’éviter une partie importante des coûts de dépréciation. Encore garantie par le fabricant, elle sera beaucoup moins chère que l’auto qui n’a aucun kilomètre au compteur.

Se procurer un gros véhicule sous prétexte qu’on aura deux fois par année du matériel à transporter au chalet, cela revient à payer inutilement pour des caractéristiques dont on n’a pas besoin 98% du temps. Ce sera moins dispendieux de choisir une plus petite voiture et de louer un gros gabarit en cas de besoin.

L’option la moins chère restera toujours moins de véhicules, un petit véhicule, un véhicule usagé. Pas de véhicule.

Mais bon, c’est vrai que ça impressionne moins les voisins.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.