Photo: Bloomberg
BLOGUE. L’annonce de Microsoft aurait pu être impressionnante. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’une société annonce une importante augmentation de son dividende, ni un programme de rachats de 40 milliards de dollars (G$)US!
Or, les investisseurs ont été peu impressionnés, si on en juge par la hausse de seulement 0,14$US du titre. Pour comprendre cette réaction, il faut aller voir jusqu’à quel point la société va au bout de ses annonces.
À lire : Microsoft augmente son dividende et rachète 40 G$ d'actions
D’abord, la hausse du dividende trimestriel, qui passe de 0,23$US à 0,28$US, est vraiment une bonne nouvelle pour les actionnaires. Avec cette augmentation de 22%, le rendement du titre est maintenant de plus de 3,3% et la société verse à peine 40% de ses bénéfices en dividendes.
Par contre, c’est l’annonce du rachat qui laisse froid. Encore là, on pourrait s’attendre à ce qu’un rachat qui représente 14% de la valeur boursière de la société soit acclamé. Ce n’est pas le cas parce que Microsoft, comme bien d’autres entreprises, fait des annonces sans vraiment passer aux actes.
Lors de son exercice 2013, Microsoft a dépensé 5,4G$US pour racheter de ses actions et 10G$US en deux ans. C’est moins de 2% de sa valeur boursière, des peanuts à mon avis pour une société qui génère environ 30G$US par année et qui a 77G$US en encaisse. Et qui se transige à environ 11 fois les bénéfices!
Mais il y a des changements à l’horizon à mon avis. D’une part, on nommera un successeur à Steve Ballmer dans les prochains mois. Ce nouveau président aura tout un défi à relever.
Pour l’aider dans sa tâche, il aura l’appui d’actionnaires rationnels. En effet, la firme ValueAct a pris une importante participation dans Microsoft et a convenu avec la société de nommer une personne sur son conseil. C’est une très bonne nouvelle à long terme car les gens de ValueAct pousseront pour que la société travaille en priorité pour enrichir ses actionnaires.
Or, Microsoft a tous les outils, tous les leviers nécessaires pour prospérer, même dans un environnement difficile voire en déclin pour le marché de l’ordinateur personnel.
Il s’agit de mettre de l’ordre dans ses priorités et dans ses dépenses. Ce sera le mandat du nouveau président, espérons-le.
D’ici là, l’annonce d’aujourd’hui laisse bien des investisseurs sur leur appétit et on les comprend.
En terminant, prenez l’habitude, lorsqu’une société annonce un nouveau programme de rachat de ses actions, de vérifier si elle a vraiment racheté de ses actions dans son passé récent. Bien des directions s’amusent à faire de telles annonces sans vraiment passer aux actes.
Ce sont les gestes qui enrichissent les actionnaires, pas les intentions.
Bernard Mooney
