Olivier Schmouker - Pas d'avenir sans bouffon ?

Publié le 22/03/2011 à 09:24, mis à jour le 24/03/2011 à 13:35

Olivier Schmouker - Pas d'avenir sans bouffon ?

Publié le 22/03/2011 à 09:24, mis à jour le 24/03/2011 à 13:35

Les bouffons ont besoin de mûrement réfléchir avant de parler. Photo : DR.

BLOGUE. Nous avons des idées sur tout, sur la meilleure façon de piloter une équipe, sur la direction à donner à un projet, sur la stratégie à adopter pour contrer un concurrent, etc. Ces idées se transforment parfois en certitudes, et c’est là qu’un piège nous attend : nous préférons parfois aller droit dans le mur plutôt que de remettre en question notre conviction d’être dans le vrai. Ça vous dit quelque chose?

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Heureusement, il existe un moyen de venir à bout de nos néfastes certitudes. Un moyen original, ou plutôt oublié, même s’il a longtemps fait ses preuves : le bouffon!

Cette idée n’est pas de moi. Je l’ai dénichée dans une étude renversante de la Stockholm School of Economics, signée par les économistes Guje Sevon, de la SSE, et Liisa Välikangas, de la Helsinki School of Economics. Celles-ci y indiquent à quel point les dirigeants d’entreprise et autres gestionnaires feraient bien d’avoir un bouffon dans leur entourage, ne serait-ce que pour se faire dire leurs quatre vérités sans pour autant blesser leur ego.

Ainsi, Mmes Sevon et Välikangas partent d’un postulant amusant, mais riche et profond dans ses conséquences. Nous considérons tous que notre intelligence nous permet de produire des idées, des bonnes commes des mauvaises. Que les idées découlent donc directement de la capacité de notre cerveau. Et si l’on considérait le contraire? Et si l’on disait que les idées pré-existaient et que certains d’entre nous, plus réceptifs que les autres, parvenaient à capter les meilleures (et les autres, les moins bonnes…)?

Vrai ou pas, ce postulat est intéressant en ce sens qu’il permet de voir notre rapport avec les idées – et donc la créativité – d’un regard neuf. Par exemple, nous pouvons être, vous et moi, obnubilés par une idée qui nous est venue, au point de changer de mentalité et de comportement. On peut penser à Don Quichotte et son idée de la chevalerie, ou encore au capitaine Achab et son idée de cachalot blanc. De telles obsessions peuvent permettre de mener à bien des projets grandioses, mais aussi complètement loufoques. Comment savoir si celui que vous avez est sublime ou ridicule? Un bouffon pourrait vous le dire…

En effet, Mmes Sevon et Välikangas considèrent le bouffon comme la personnification des idées du roi. Il agit comme un miroir, se contentant de refléter les pensées inavouées de son maître, non pas en les déformant, mais au contraire en les dévoilant dans leur troublante nudité. «On trouvait des bouffons dans toutes les civilisations, en Europe, en Chine, en Inde, en Afrique, au Moyen-Orient. Ils répondaient notamment au besoin des rois d’avoir la vérité pour prendre les meilleures décisions possible. Ils leur permettaient aussi de réfléchir à des problèmes sous un angle auquel ils n’avaient pas pensé, qu’ils n’avaient en réalité pas eu le courage jusqu’alors d’envisager, car celui-ci prenait le contre-pied de leurs croyances», indiquent-elles, en citant comme modèle Will Sommers, le fou du roi Henri VIII, qui était devenu un membre important de la cour britannique.

Les avantages d’avoir un bouffon à ses côtés sont, par conséquent, multiples :

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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