Les régions ont soif de connexions plus rapides


Édition du 14 Février 2015

Les régions ont soif de connexions plus rapides


Édition du 14 Février 2015

Un enjeu politique

Au-delà des enjeux commerciaux, l'infrastructure de fibre optique ne serait tout simplement pas en place dans plusieurs régions. Gaston Dufour, directeur général associé de la FCCQ, considère que les régions sont desservies par le jeu de la compétition, qui amène les principaux fournisseurs à travailler chacun de leur côté sur leur réseau de fibres optiques. «Bâtir quatre autoroutes en parallèle, ce n'est pas bien productif», image-t-il.

Pour Yves Poppe, un consultant spécialisé dans les réseaux à grande échelle de fibre optique, l'argument de Gaston Dufour tient la route. «Traditionnellement, les propriétaires des grandes artères [de fibre optique], il faut qu'ils se fassent pousser le derrière pour partager. Il faut que le régulateur, le CRTC, soit assez ferme. Malheureusement, le CRTC est un peu trop dans la poche des Bell et des Vidéotron de ce monde.» Du côté du CRTC, on soutient que les règles encadrant la vente en gros d'accès réseau aux petits fournisseurs de services Internet ont été revues en 2008, et qu'une revue du cadre actuel «fait présentement l'objet d'un examen par le Conseil».

Selon M. Poppe, l'attitude conciliante du CRTC est en partie responsable du retard qu'a pris le Canada par rapport à l'Europe, où les régulateurs auraient les dents plus longues. En Suisse, notamment, Internet à haut débit est considéré comme un service universel, de sorte que les fournisseurs sont tenus d'offrir au moins 2 Mbits/s. Dans les faits, toutefois, 93 % des Suisses ont une connexion d'au moins 4 Mbits/s (par rapport à 83 % au Canada) et 54 % d'entre eux, une connexion d'au moins 10 Mbits/s (contre 33 % au Canada), selon les données d'Akamai, une firme spécialisée qui publie chaque année un rapport sur l'état d'Internet dans le monde.

La longueur d'avance sur le Canada de plusieurs pays européens, dont la Roumanie et la République tchèque, pourrait aussi s'expliquer par la volonté politique de l'Union européenne. En effet, l'adoption de Internet à très haut débit fait partie des objectifs adoptés par la Commission européenne dans son Agenda numérique. L'institution vise ainsi à ce que 50 % de la population de l'Union européenne dispose d'une connexion de plus de 100 Mbits/s d'ici 2020.

Outre la voie réglementaire, Yves Poppe estime que les municipalités mal desservies pourraient améliorer leur sort en investissant dans leur propre réseau de fibres optiques, une approche privilégiée par de nombreuses villes en Suède, où 44 % de la population dispose d'une connexion de plus de 10 Mbits/s, selon Akamai.

Gaston Dufour, pour sa part, s'inquiète de l'impact de la vitesse d'Internet sur l'économie des régions, de même que sur l'éducation des jeunes. Pour lui, l'enjeu n'est pas technique, mais bien politique : «Il faut que le gouvernement détermine que la très haute vitesse est une priorité, et qu'il force les fournisseurs d'accès à se moderniser», clame-t-il.

41,2: La province où on observe la plus haute vitesse moyenne en téléchargement est le Nouveau-Brunswick avec 41,2 Mbits/s, d’après les données de Net Index. Au Québec la vitesse moyenne est de 19,7 Mbits/s.

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