Création de trois fonds à la Fondation Chagnon
La Fondation Lucie et André Chagnon, la plus importante fondation privée du Canada, ne figure pas très bien dans notre tableau avec des frais de gestion de 30 % (70 % des revenus de dons et d'intérêts vont à la cause), comparativement à une moyenne de 13 % pour les fondations privées.
Serge Grisé, son conseiller principal en affaires publiques, reconnaît ce fait, mais il a de bonnes explications. «Depuis 2009, nous avons mis sur pied trois fonds, en collaboration avec le gouvernement du Québec, dans lesquels nous verserons 54 millions de dollars par an pendant 10 ans. La mise sur pied de ces fonds a demandé beaucoup de temps et d'effort, de sorte que nous avons diminué pendant quelques années les sommes que nous versons normalement, explique M. Grisé. Maintenant que tout est en place, nous allons rapidement rejoindre la moyenne de votre tableau [NDLR : 13 % de frais de gestion].»
La Fondation Chagnon, qui travaille essentiellement en prévention, versera 250 M $ dans le fonds Avenir d'enfants, dont l'objectif est de donner aux professionnels oeuvrant auprès des tout-petits des outils pour améliorer leurs interventions. La Fondation versera aussi 200 M $ à Québec en Forme, qui vise à faire bouger les jeunes. Enfin, le fonds Réunir Réussir, qui encourage la persévérance scolaire, recevra 25 M $ de la Fondation Chagnon. Le gouvernement du Québec versera de son côté 375 M $ sur 10 ans dans ces trois fonds.
Pas de salaire pour Andrew Molson
La Fondation Molson affiche un impressionnant taux de frais de gestion de... 0 %. Andrew Molson, son président, ne reçoit aucun salaire. Dominique Paliotti, adjointe exécutive à la Famille Molson, est payée par la Brasserie Molson et non par la Fondation. De plus, explique-t-elle, la Fondation ne fait pas de collecte de fonds et ne déclare donc pas de frais à cet égard. Une situation idéale que ne peuvent malheureusement pas se permettre les fondations publiques.
Au cours de la dernière année, le total des dons faits à tous les donataires reconnus s'est chiffré à 5,4 M $, répartis entre l'Université Concordia, la Fondation de l'Hôpital général de Montréal, l'Institut et l'Hôpital neurologiques de Montréal, la Fondation de l'Hôpital général juif et l'Université McGill.
Comment une fondation peut verser plus de 100 % des dons recueillis
Tout en haut de notre tableau des fondations privées trône la Caisse de charité des employés de Merck Frosst avec un taux étonnant de 195 % de dons versés par rapport aux revenus. «Certaines années, on ne verse pas tous nos revenus, parce qu'on n'a pas assez de projets qui cadrent avec notre mission, explique Ani Armenian, chef des communications de la Caisse. Par contre, au cours des années suivantes, on peut distribuer ces revenus "retenus" en plus des revenus de l'année en cours. Ce qui explique que le total puisse dépasser 100 %. C'est sans doute ce qui s'est produit au cours des années que vous avez analysées.» Précisons que la Caisse de charité des employés de la société pharmaceutique est entièrement administrée par des bénévoles et n'a donc pas de frais de gestion. Sa mission : soutenir des organismes qui viennent en aide aux personnes dans le besoin, comme Abritation, qui a offert un tracteur agricole et un camion à un village africain.
Père Lindsay capitalise pour l'avenir
La Fondation Père Lindsay porte le nom de feu Fernand Lindsay, fondateur du Festival de Lanaudière, un festival de musique classique qui se tient chaque année à Joliette. La fondation publique vouée à la culture musicale affiche un taux de 64 % de frais de gestion.
Son gestionnaire, Pierre Mantha, reconnu dans le milieu philanthropique, explique que sa fondation a volontairement versé moins de dons pour augmenter son actif à 1 M $ afin de moins dépendre des collectes de fonds annuelles. «Grâce au succès de nos collectes de fonds, nos placements sont passés de 208 000 $ en 2007 à 938 000 $ en 2012, un montant qui ne va pas immédiatement à la cause puisqu'il est capitalisé. Mais à l'avenir, nous donnerons davantage à la cause», explique-t-il.
En outre, poursuit M. Mantha, «nos dépenses d'administration sont infimes, puisque les services dont nous avons besoin sont offerts par les administrateurs en temps ou en nature : la revue des états financiers est faite gratuitement par Deloitte et la gestion du portefeuille, par des bénévoles, ce qui économise plus de 10 000 $ par année, etc. Nous payons 1 000 $ par mois pour la gestion de l'Auberge au bénéfice du Camp musical de Lanaudière, le seul salaire de la Fondation pour un travail quotidien.»
