C'est avec surprise que l'on a vu cette fin de semaine, l'ancien maire de Québec, Jean-Paul L'Allier, donner son appui aux syndicats et employés sur la question des régimes de retraite.
«Quand on les a donnés ces régimes de retraite-là, on jouait sur les salaires et autres conditions pour avoir un package acceptable…On doit respecter ça», a-t-il fait valoir.
Monsieur L'Allier est allé plus loin encore en invitant les fonctionnaires provinciaux et municipaux à se défendre contre les critiques dirigées par certains politiciens et commentateurs.
La sortie de l'ancien maire de Québec arrive quelques jours avant que la ministre Agnès Maltais ne dévoile son fameux cadre de règlement pour les régimes de retraite.
Que penser de la sortie de monsieur L'Allier?
Évidemment, plusieurs ne se sont pas gênés pour dire qu'elle n'était pas surprenante, puisque c'est lui qui avait donné aux fonctionnaires ces conditions impossibles.
C'est aller un peu vite en affaires. On peut critiquer la générosité des conventions collectives de la fonction publique, particulièrement au niveau municipal, mais l'explosion des coûts des régimes ne peut pas vraiment être attribuée aux administrations municipales. C'est l'industrie des actuaires et des prévisionnistes qui est à blâmer pour les hypothèses de rendement trop optimistes qu'elle recommandait d'accoler aux rendements futurs des régimes de retraite.
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L'ancien maire de Québec n'a pas tort d'inviter les travailleurs à se défendre. Il est souvent désolant de voir le ton et l'humeur «mange-prochain» sur lesquels roule la discussion sur les régimes de retraite.
Cela dit, monsieur L'Allier a tort sur le fond de la question.
Il est vrai que pour obtenir les régimes de retraite d'aujourd'hui, les employés ont à l'époque fait des concessions sur d'autres éléments salariaux.
Lorsqu'un choc externe survient, il est cependant logique qu'une entreprise puisse restructurer ses activités et diminuer les conditions qu'elle accorde à ses salariés. Pourquoi en serait-il autrement pour une municipalité?
Le rapport D'Amours propose une formule de renflouement des déficits qui amène un choc considérable sur les déficits de retraite des municipalités (il n'y a pas de réels problèmes dans le privé).
À Montréal, si le rapport est adopté, et que les employés ne font aucune concession, la contribution de la Ville passera de 510,3 M$ par année à 830 M$. C'est un bond spectaculaire équivalent à 6,6% du budget, qui porterait les charges annuelles pour le seul effacement du déficit passé à plus de 10% du budget.
Nous n'avons pas des chiffres aussi précis pour la Ville de Québec, mais la situation y est réputée comparable.
Une hausse de 6,6% du compte de taxe (qui viendrait s'ajouter à celle occasionnée par l'inflation), apparaît un choc externe suffisant pour justifier une renégociation des acquis.
Que dira madame Maltais?