Relève motivée, entreprise stimulée


Édition du 24 Mai 2014

Relève motivée, entreprise stimulée


Édition du 24 Mai 2014

Les bons coups

Lors de la discussion, les releveurs se sont aussi raconté leurs bons coups. Sous l'oeil approbateur des autres, Louis Leclair salue la prévoyance de ses parents qui ont planifié le montage financier de la relève avec les conseils de consultants. «Le transfert des actions s'est échelonné sur 15 ans et ça n'a jamais mis en péril la santé financière de l'entreprise, se réjouit-il. J'ai racheté Fourgons Transit avec les profits.»

Les propriétaires de Lallier Ste-Foy Honda ont souligné qu'ils ont procédé de la même façon pour acheter l'entreprise. De plus, ils ont dit avoir apprécié le fait que leur père n'a jamais craint de parler des «vraies affaires». «Par exemple, il a voulu discuter de ce qui arriverait si l'un de nous trois mourait, dit Benoît. Il voulait que tout soit prévu, que les papiers soient en ordre. C'était difficile de parler de ça. Mais il avait raison. Il ne faut pas attendre qu'une crise survienne pour y penser.»

Les Chalifoux, eux, ont insisté sur l'importance de l'accompagnement. «Des personnes clés ont facilité notre cheminement, dont un notaire fiscaliste qui a fait débloquer des choses», dit Mélanie. Ils sont fiers également d'avoir amélioré la gouvernance en instaurant un comité consultatif, avec des membres externes, ainsi qu'un conseil de famille. Louis Leclair, qui était accompagné à la table ronde par son bras droit, Ginette Bilodeau, vice-présidente finance et gestion, a mentionné qu'il songe lui aussi à se doter d'un comité consultatif. «Mais en attendant, je fais partie d'un club de neuf entreprises en croissance du Groupement des chefs d'entreprise. On se conseille et on se challenge entre nous. C'est mon comité consultatif !»

Au-delà des bons coups, les releveurs sont tous reconnaissants envers leurs parents. D'ailleurs, ils ont bien ri quand ils se sont rendu compte que leurs parents respectifs disposent encore tous d'un bureau dans leur ancienne entreprise même s'ils n'y mettent pas souvent les pieds. Par besoin d'espace, Louis Leclair devra toutefois récupérer celui de sa mère, un geste qu'il trouve difficile. «Pour compenser, nous venons d'aménager dans la salle de conférences un hall of fame de ses réalisations. Nous voulons l'immortaliser, car elle restera toujours la fondatrice.»

À chaque dirigeant sa vision

Une relève motivée donne un élan aux entreprises. Depuis le transfert, Fourgons Transit connaît une belle croissance. Elle a pris de l'expansion dans les Maritimes et elle a commencé à s'attaquer, l'automne dernier, au marché ontarien. «Ma mère a conduit l'entreprise numéro un au Québec, je vais l'amener au premier rang au Canada», affirme son jeune dirigeant.

Il a raconté aux autres que son premier geste de président avait été de revoir le processus décisionnel pour donner plus de marge de manoeuvre aux directeurs. La création de la fonction en ressources humaines a suivi quelques années après. Puis, l'usine a été réaménagée selon le modèle de gestion allégée lean et la formation, intensifiée. En 2013, par exemple, les 200 employés ont reçu plus de 8 000 heures de formation. L'entreprise s'est aussi dotée d'une technologie de fabrication de boîtes réfrigérées en acquérant un concurrent, Fourgons Laberge. «Nous sommes passés d'un mode de production et de gestion artisanal à un mode industriel», résume Louis Leclair.

La priorité de Mélanie et d'Alain Chalifoux, de leur côté, était de diminuer le coût des matières premières, de réduire les pertes et d'augmenter la rentabilité. Formation et responsabilisation des employés, mise sur pied d'un tableau de bord et de systèmes d'assurance qualité, adoption de plans d'action par les cadres avec objectifs mesurables, investissements en équipement sont autant de moyens qu'ils ont pris pour y arriver. Résultat ? Depuis 2011, la marge brute est passée de 10 à 14 %.

Le chiffre d'affaires, lui, est passé de 34 à 50 millions de dollars, grâce notamment au développement de nouveaux marchés. Désormais, la Laiterie approvisionne des fabricants agroalimentaires et emballe des produits laitiers pour des marques privées. De plus, un projet de modernisation de 13,7 millions est en cours dans la section de la production des fromages. «Nous visons à devenir la plus grande des petites laiteries au Canada», souligne Alain Chalifoux.

«De notre côté, on souhaite devenir le plus important concessionnaire Honda au Canada», a renchéri Guy Duplessis. Pour cela, son frère et lui ont notamment innové en spécialisant du personnel dans la prise de rendez-vous. «Avant, quand un client appelait ou faisait une demande par Internet pour avoir un prix, c'est un vendeur qui répondait, comme c'est le cas dans la plupart des concessions, explique Guy. Mais un vendeur, ça vend des autos, ça ne prend pas de rendez-vous. Il y avait donc des occasions manquées.»

L'implantation d'un logiciel a par ailleurs permis de doubler les ventes de véhicules d'occasion en deux ans. Ce logiciel retrace tous les véhicules d'un modèle donné dans une superficie donnée et établit le prix optimal d'achat et de vente. Lallier Ste-Foy Honda a aussi connu une forte expansion dans la vente de pneus. Comment ? Principalement en changeant la façon de faire des vendeurs qui ajoutent maintenant les pneus d'hiver dans leur offre. Une idée simple, mais efficace qui a été saluée par les autres entrepreneurs de la table ronde, ravis d'avoir échangé pendant deux heures avec des pairs.

Huitième édition

Le concours des Médaillés de la relève, qui en est à sa 8e édition cette année, est organisé par l'Institut d'entrepreneuriat Banque Nationale - HEC Montréal, PwC et BCF en collaboration avec Investissement Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec.

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