Nicolas Duvernois, un pur entrepreneur

Publié le 17/05/2014 à 00:00

Nicolas Duvernois, un pur entrepreneur

Publié le 17/05/2014 à 00:00

Nicolas Duvernois, pdg et fondateur de PUR vodka, a été couronné gagnant dans la catégorie Jeune entrepreneur du Québec – Entreprise en croissance. [Photo : J.Lavallée]

Un fils de Bourguignon qui devient producteur de vodka, c’est un peu comme un fils de boucher qui deviendrait végétarien. Ça n’empêche pas Nicolas Duvernois de collectionner les médailles à des concours de dégustation de vodka.

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Dès le cégep, M. Duvernois savait qu’il ne travaillerait pas pour d’autres. Après avoir terminé son bac en sciences politiques, il se lance dans la restauration avec trois amis. « C’était la façon la plus simple d’aborder l’entrepreneuriat », raconte le jeune homme de 33 ans. Une expérience qui se révéla… catastrophique ! « J’ai offert à mes associés de les racheter, ils ont refusé. Je suis parti. » Mais il savait où il s’en allait. Au restaurant, il a pu constater la popularité de la vodka. Il allait donc en produire. Ainsi est née PUR vodka en 2007, à Outremont.

Le nouvel entrepreneur est vraiment parti de zéro, comme on dit. Avec l’aide de Google, M. Duvernois fait une recherche sur la vodka « digne d’une thèse de doctorat ». Cette recherche lui prendra bien deux ans (il vendra sa première bouteille en décembre 2009).

Comment fait-il pour survivre pendant cette période ? En continuant à faire ce qu’il fait depuis 2001 et qu’il fera jusqu’en 2013 : laver les planchers la nuit à l’hôpital Sainte-Justine. Un job qui te « remet les valeurs à la bonne place » et qui lui laisse tout le temps de faire ses recherches durant le jour.

Une fois son plan d’affaires achevé,M. Duvernois, actionnaire à 51 % de PUR vodka, a trouvé un partenaire avec les deux pieds sur terre pour s’occuper de la production, Christopher Lecky, un ancien client de son restaurant. En janvier, deux investisseurs passifs se sont joints à eux.

La meilleure vodka du monde

La plupart des vodkas sont fabriquées soit à partir de pommes de terre, de betteraves ou de céréales (blé). Rarement à partir de maïs, le choix de PUR pour se distinguer. Du maïs québécois. Il a ensuite fallu deux ans aux nouveaux entrepreneurs pour trouver l’eau – ils en ont testé 26 – qui répondait à leurs exigences. Une eau québécoise non commercialisée. Avec l’aide d’un maître distillateur, ils ont ensuite élaboré la recette.

Pas encore accepté à la SAQ, M. Duvernois s’est mis à courir les concours. En décembre 2009, PUR vodka gagne le prix de la meilleure vodka du monde au World Vodka Masters, à Londres. « Le soir, j’avais le sourire fendu jusqu’aux oreilles en lavant mes planchers. »

Depuis, PUR a remporté ce concours une deuxième fois et a amassé une trentaine de distinctions un peu partout dans le monde.

Peu de temps après et à la suite de plusieurs démarches, la SAQ a ouvert ses portes à PUR. « On retrouve 17 vodkas ultra premium [de qualité supérieure] à la SAQ, et nous arrivons au troisième rang des vodkas les plus vendues », précise l’entrepreneur.

En 2014, le jeune homme prévoit vendre 250 000 bouteilles de vodka, dont 60 % au Québec et 40 % à l’extérieur, au Canada surtout. Et d’ici la fin de l’année, PUR prépare une offensive en France, en Angleterre, en Australie et en Nouvelle-

Zélande. Sa stratégie est simple : offrir des dégustations, comme lors du dernier Bal de la Jonquille et du prochain Grand Prix de Formule 1.

« Avec les prix que nous remportons, nous recevons des offres de partout dans le monde, affirme le pdg, qui emploie 15 personnes. On n’abordera pas un nouveau marché sans être prêts. »

Contrairement aux producteurs de vin, les microdistillateurs ne sont pas autorisés à vendre sur les lieux de production.« Si je pouvais vendre sur place, je commencerais la construction de ma distillerie demain matin, raconte

M. Duvernois. » PUR vodka sous-traite présentement sa distillation au Québec.

Ce dont rêve le jeune homme, c’est d’un site agrotouristique en pleine ville de Montréal. Mais il sait bien que même si la loi était changée, les choses ne seraient pas aussi simples. Les premières démarches faites auprès de la Ville de Montréal lui ont appris que sa microdistillerie devrait avoir des murs… antidéflagration ! « Je produis de la vodka, pas de la dynamite ! »

SAQ, taxes et Nouvelle-Zélande

« Je vends ma bouteille de vodka 11 $ à la SAQ, qui la revend 42,25 $. De plus, je paie des impôts sur les 11 $. Même en tenant compte des frais de transport, de douanes et autres, je fais plus d’argent en vendant en Nouvelle-Zélande qu’à la SAQ, affirme M. Duvernois. Il faut dire que la SAQ a très bonne réputation dans le monde. Quand tu dis à l’étranger que ton produit est à la SAQ, ça ouvre des portes. »

Et si c’était à recommencer ?

« Je créerais probablement mon entreprise dans l’État de New York. Sans tous ces bâtons dans les roues qu’on nous met au Québec, PUR vodka serait rendue bien plus loin, affirme Nicolas Duvernois. J’aurais plus de produits sur le marché et plus de ventes. »

Un exemple tatillon, selon lui : si M. Duvernois veut aller montrer son produit à 100 restaurateurs, il doit utiliser 100 bouteilles différentes, chacune devant afficher le numéro de permis du restaurateur. Et ce, même si la bouteille n’est jamais ouverte. Pour éviter d’avoir à demander un numéro de permis chaque fois, le jeune entrepreneur utilise une bouteille… remplie d’eau !

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