Les contrats militaires continueront de plomber CAE, prévient son patron

Publié le 14/02/2024 à 17:08

Les contrats militaires continueront de plomber CAE, prévient son patron

Publié le 14/02/2024 à 17:08

Par La Presse Canadienne

L’entreprise va tenter de trouver des moyens «de réduire ses risques financiers le plus vite possible», mais cela devra se faire par la négociation. «Jamais on n’arrêterait de livrer à nos clients parce qu’évidemment, on a une mission essentielle en défense.» (Source: La Presse Canadienne)

Les actionnaires de CAE devront patienter encore quelques trimestres avant que ses anciens contrats militaires à prix fixe cessent de gruger ses marges. Les investisseurs ont mal accueilli la nouvelle tandis que l’action a perdu près de 10%. 

La société montréalaise a révélé plus de détails, mercredi, sur les vents contraires qu’elle affronte depuis plusieurs trimestres dans le secteur de la défense. Pour la première fois, CAE a dévoilé que huit contrats signés avant la pandémie étaient responsables des difficultés rencontrées.

Ces contrats ont une structure à prix fixe, ce qui, dans un contexte inflationniste, amène une pression sur les marges, explique le président et chef de la direction, Marc Parent, en entrevue en marge du dévoilement des résultats trimestriels de l’entreprise.

«Ça veut dire qu’on n’a pas d’indexation, répond−il. Même si nos coûts augmentent, on n’aura pas plus (d’argent) pour le contrat. Donc évidemment, ça implique des enjeux de rentabilité, même des pertes sur certains des contrats.

«Même si ça représente seulement une petite partie de nos contrats totaux en défense − à n’importe quel moment donné on exécute littéralement des centaines de projets en défense − ces huit contrats distincts là ont un impact disproportionné sur notre rentabilité globale dans le secteur de la défense», ajoute-t-il.

CAE estime que ces contrats grugent l’équivalent de 2 points de pourcentage de ses marges en défense. En tenant compte de certains coûts fixes, comme les coûts de recherche et développement ainsi que d’administration pour ces huit projets, l’effet est de 3 points de pourcentage au total, précise la chef de la direction financière Sonya Branco.

Au troisième trimestre clos le 31 décembre, les marges d’exploitation du secteur de la défense atteignaient 4,4%, comparativement à 5,5% à la même période l’an dernier. Le bénéfice d’exploitation en défense était de 20,6 millions de dollars (M$) par rapport à 24,9 M$.

CAE prévoit que la «plupart» des contrats arriveront à échéance au cours des deux prochains exercices, ou six à huit trimestres.

L’entreprise va tenter de trouver des moyens «de réduire ses risques financiers le plus vite possible», mais cela devra se faire par la négociation. «Jamais on n’arrêterait de livrer à nos clients parce qu’évidemment, on a une mission essentielle en défense.»

Il n’est pas impossible que CAE s’entende pour modifier l’échéancier de certains contrats et qu’elle paye en échange une pénalité, répond M. Parent. «Si on avait des pénalités, ce serait un choix qu’on ferait parce que payer la pénalité serait moins coûteux que de continuer à exécuter sur le contrat et d’encourir des coûts ou des risques qui seraient supérieurs.»

L’analyste Cameron Doerksen, de Financière Banque Nationale, voit d’un œil favorable le dévoilement de plus de détails sur les difficultés dans le secteur de la défense, «mais il semble que les difficultés vont perdurer plus longtemps que nous l’aurions prévu».

M. Doerksen reste toutefois optimiste pour le secteur de la défense à long terme. Il souligne que, même une fois que les marges de la défense franchiraient le seuil des 10%, le secteur civil représenterait tout de même 75% du bénéfice d’exploitation. «Le contexte est favorable pour la demande dans le secteur de la défense. Nous croyons que les marges dans la division vont éventuellement s’améliorer.»

Au cours d’une conférence avec les analystes, M. Parent a assuré qu’il restait optimiste quant aux perspectives du secteur de la défense. Il a mentionné que la demande était forte, que le carnet de commandes était bien garni et qu’il était possible de conclure des contrats avec de bonnes marges. «Ce n’est pas une activité qui est brisée, défend−il. C’est un secteur en croissance.»

CAE a dévoilé un bénéfice net de 56,5 M$, en baisse de 28% par rapport à la même période l’an dernier. Le bénéfice ajusté dilué par action est de 24 cents. Les revenus, pour leur part, augmentent de 13% à 1,1 milliard de dollars (G$).

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice de 26 cents et des revenus de 1,1 G$, selon la firme de données financières Refinitiv.

L’action de CAE perdait 2,78 $, ou 9,80%, à 25,60 $ à la fin de la séance de la Bourse de Toronto. 

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne

 

 

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