Budget: Québec a oublié la taxe sur le commerce transfrontalier

Publié le 05/06/2014 à 16:18

Budget: Québec a oublié la taxe sur le commerce transfrontalier

Publié le 05/06/2014 à 16:18

Privé de plus de 164 M$ de revenus annuellement par le commerce en ligne transfrontalier, le gouvernement de Philippe Couillard, pourtant dans une impasse budgétaire, n’a prévu aucune mesure pour récupérer ces sommes qui lui échappent. Le Conseil québécois du commerce de détail est très déçu, car les détaillants font aussi les frais de cette réalité.

«Neuf colis sur dix qui entrent au Québec ne génèrent aucun revenu de taxes. Ça favorise le commerce en ligne transfrontalier et nous faisons face à des règles inéquitables», déplore le pdg du CQCD Léopold Turgeon.

Les détaillants qui ont pignon sur rue au pays paient des loyers, des taxes et des salaires, tandis que des géants du commerce en ligne comme Amazon vendent ici leurs produits sans s’acquitter d’aucune taxe, ce qui leur donne un avantage concurrentiel indéniable.

Une vingtaine d’États américains exigent aujourd’hui le paiement des taxes par tous les fournisseurs qui font des affaires en ligne sur leur territoire. Une étude récente de l’Université de l’Ohio a démontré que les ventes d’Amazon ont ainsi diminué de 10% pour tous les achats de produits inférieurs à 300$ et de 24% pour les produits d’une valeur de 300$ ou plus. Des diminutions qui ont probablement profité aux détaillants locaux. L’étude a été menée auprès de 245 000 ménages, notamment en Californie, au Texas, en Virginie et en Pennsylvanie, des états qui taxent désormais tous les achats en ligne. Aux Etats-Unis, il est estimé que le gouvernements sont privés de 23 G$ de taxes non collectées sur les ventes web.

Au Québec, les ventes transfrontalières en ligne sont estimées à 1 G$ et comme de manière générale le commerce en ligne grimpe de 25% par année, la perte de revenus de taxes pour le gouvernement est appelée à augmenter significativement.

«Mais ce n’est pas tout car les ventes que les détaillants québécois perdent ont aussi un impact négatif sur le nombre de commerces ici et le nombre d’emplois. Il y a aussi beaucoup de monde qui gravitent autour de ce secteur : des manufacturiers, des comptables, des avocats et plusieurs autres professionnels», fait remarquer M. Turgeon.

Le secteur du commerce de détail embauche 500 000 travailleurs, soit 12% du total des emplois québécois et 6% du PIB.

Le CQCD demande au gouvernement, en plus d’obliger le paiement des taxes par les détaillants étrangers, d’accompagner les commerces québécois dans leur virage technologique. Actuellement, 50% des détaillants de la province ne font pas d’affaires en ligne.

«Le consommateur est en ligne, mais pas nous. Le consommateur cherche ses produits en ligne et si votre référencement n’est pas bien fait, vous n’existez pas», note M. Turgeon, ajoutant que les détaillants ignorent souvent que des solutions abordables sont aujourd’hui offertes par des entreprises québécoises pour les aider à vendre en ligne.

«Pour 30$ par mois et 3,5% de ton chiffre de ventes, tu es en ligne, référencé et lié à Paypal et aux entreprises de crédit. Il y a des solutions simples et pas chères, mais pas connues.»

 

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