Bombardier accuse Washington d'hypocrisie

Publié le 06/10/2017 à 18:04

Bombardier accuse Washington d'hypocrisie

Publié le 06/10/2017 à 18:04

Alain Bellemarre, pdg de l'avionneur Bombardier.

La direction de Bombardier s’est dite en profond désaccord avec la dernière décision à son endroit, rendue par le département du Commerce des États-Unis qu’elle accuse aujourd’hui d’hypocrisie.

Cette décision, a-t-elle réagi, «relève d’une application excessive et totalement inappropriée de certaines lois américaines visant de toute évidence à empêcher les avions CSeries d’accéder au marché des États-Unis, sans égard aux impacts négatifs sur l’industrie aéronautique, les emplois, les compagnies aériennes et les voyageurs américains.»

Plus tôt, vendredi après-midi, l’administration américaine a annoncé sa décision d’imposer de nouveaux droits antidumping de 80% sur la vente par Bombardier d’avions de gamme CSeries aux États-Unis. Cette nouvelle décision s’ajoute à celle rendue la semaine dernière, qui fixait à 220% les droits compensatoires sur l’acquisition par des Américains de tout appareil CSeries.

Ensemble, ces deux décisions imposent donc le versement de droits de 300% à tout acheteur de CSeries aux États-Unis, en sus du prix de vente initial de chaque appareil. Une situation qui, selon Fadi Chamoun, analyste pour le compte de BMO Marché des capitaux, aura pour conséquence de fermer à toute fin pratique toute chance de Bombardier de vendre ses appareils aux États-Unis.

À elles seules, les compagnies aériennes américaines constituaient pour Bombardier pas moins de 30% de tout le marché anticipé pour sa gamme CSeries. Privée d’un marché d’une telle importance, l’aventure de Bombardier dans les avions de plus grande taille, vaudra-t-elle la peine d’être poursuivie?

Boeing veut réécrire les règles

Sans s’avancer sur cette voie, Bombardier y est allée de la publication d’une déclaration officielle critiquant l’approche du département du Commerce sous plusieurs angles. «Les propres pratiques de comptabilité de programme de Boeing – le fait que Boeing vend ses avions sous le prix coûtant pendant des années suite au lancement d’un programme – irait à l’encontre de l’approche appliquée par le département du Commerce, écrit-elle. Une telle hypocrisie est étonnante et devrait être extrêmement troublante pour tout importateur de produits complexes de haute technologie.»

«Les programmes d’avions commerciaux requièrent des milliards de dollars d’investissement initial et prennent des années pour offrir un rendement sur cet investissement. En limitant son enquête antidumping à une courte période de 12 mois correspondant au tout début du programme C Series, l’approche du département du Commerce aurait inévitablement produit des résultats complètement faussés.»

Bombardier dit tout de même demeurer confiante que la Commission du commerce international des États-Unis finira par tirer les conclusions qui s’imposent à l’effet que Boeing n’a subi aucun préjudice. En conséquence, écrit-elle, Washington devrait rejeter les démarches de Boeing qui visent «à réécrire les règles du jeu à son propre avantage en imposant une taxe indirecte aux voyageurs par le biais de tarifs à l’importation injustifiés».

Toute cette histoire, soutient Bombardier, constitue une tentative de Boeing d’ obliger les compagnies aériennes américaines à acheter des avions «moins efficaces, mal configurés et qui ne créent pas de valeur».

Des milliers d'emplois à risque

Cette démarche, ajoute-t-elle, menace également des milliers d’emplois dans les hautes technologies aux États-Unis, étant donnée la part élevée de contenu américain qui entre dans la production des avions CSeries. Plus de la moitié de chaque avion, incluant ses moteurs et ses principaux systèmes, provient de fournisseurs américains, précise l’avionneur montréalais.

À ce titre, au cours des prochaines années, le programme CSeries pourrait engranger «quelque 30G$ d’activités pour des fournisseurs américains et soutiendra plus de 22 700 emplois aux Etats-Unis», déclare-t-elle. Une position qui s'approche de celle exprimée par les syndiqués de l’AIMTA plus tôt aujourd’hui, particulièrement inquiets pour l’avenir du programme CSeries et la pérennité des milliers d'emplois qui en dépendent.

Vendredi, l’action de Bombardier a été volatile aujourd’hui. Le titre de Bombardier a clôturé à 2,21$, en hausse de 0,91% par rapport au cours de fermeture de la veille. Depuis un mois, la valeur de son action a subi une chute de 0,18$ ou de 7,59%.

Pendant la même période, l’action de Boeing a grimpé de 9,24%, ou de 21,89$US. Elle se négociait à 258,58$US à la fermeture de la Bourse de New York, vendredi.

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