Représentant 15 000 travailleurs au Québec, David Chartrand lance un appel à la mobilisation de toute la classe politique.
Le Syndicat des Machinistes (AIMTA), qui représente la majorité des travailleurs syndiqués de Bombardier au pays s’inquiète du sort de l’industrie aéronautique canadienne et lance un appel à la mobilisation de toute la classe politique du pays en appui à ses travailleurs.
«De nouveau, les dés sont pipés», a déploré le coordonnateur québécois du Syndicat des Machinistes, David Chartrand vendredi, dans les minutes suivant la décision du Département du Commerce américain d’imposer de nouveaux droits antidumping de 80% sur la vente d’avions de gamme CSeries aux États-Unis.
Avec cette nouvelle décision, qui s’ajoute à celle rendu la semaine dernière, ce n'est plus 220% de droits qui seront imposés sur les ventes de CSeries aux États-Unis, mais bien de 300%. Le Département du commerce américain a ajouté 80% de droits anti-dumping aux droits compensatoires imposés la semaine dernière.
Ces droits constituent eux aussi une imposition préliminaire. Ils devraient faire l'objet d'une révision et d'une imposition finale à la mi-décembre. Si les droits sont maintenus, la US International Trade Commission devrait rendre sa décision sur leur justification 45 jours plus tard.
«Comment des partenaires commerciaux comme le Canada et le Québec doivent-ils interpréter le fait qu’un département du gouvernement américain soit devenu le bras armé des dirigeants de Boeing et que ces derniers l’utilisent pour les attaquer économiquement?», demande le représentant syndical. M. Chartrand représente 15 000 travailleurs syndiqués au Québec, et plus de 50 000 membres au Canada, dont 16 000 dans l’industrie aérienne et aérospatiale.
Si cette tendance se confirme, croit-il, des pertes d’emplois sont à prévoir des deux côtés des frontières. Et si «notre industrie aérospatiale tombe malade, craint-il, c’est l’ensemble de la société et de l’économie qui en sera affecté». (…) Je fais appel à l’ensemble des partis politiques et des élus provinciaux et fédéraux à demeurer solidaire des travailleurs et des travailleuses de l’aérospatiale.»
Fronde contre l’ALENA
Le syndicat des machinistes estiment également que cette attaque aura aussi des impacts sur les négociations de l’Accord de libre échange nord-américain (ALÉNA) actuellement en cours.
Selon M. Chartrand, il y a lieu de se demander si l’administration Trump n’utilise pas toute cette mascarade comme stratégie afin d’obtenir des concessions du Canada dans la renégociation de l’ALÉNA.
«Après l’aéronautique et le bois d’œuvre quelle sera la prochaine cible?», demande M. Chartrand. Chose certaine, dorénavant, aucun produit fabriqué ici et exporté vers les États-Unis n’est à l’abri du protectionnisme (…) En ce moment, Boeing et le gouvernement américain se comportent comme s’il voulait le beurre et l’argent du beurre.».
Fermeture du marché à Bombardier
Une chose est sûre, l'imposition des droits américains vient fermer le marché américain aux ventes de CSeries. Selon Fadi Chamoun, de BMO Marchés des capitaux, ce marché représente environ 30% du marché sur lequel tablait Bombardier.
Les droits soulèvent aussi des interrogations quant aux 75 appareils de Delta Air Lines déjà au carnet de commandes de Bombardier et dont la livraison doit s'amorcer au printemps 2018. Des analystes estiment que cette commande pourrait être soit annulée, soit reportée, ce qui pourrait affecter la cadence de production des usines de Bombardier, et ainsi, sur le nombre de travailleurs.
L’action de Bombardier est peu volatile aujourd’hui. Peu avant 15 heures 30, l’action demeurait stable et se négociait à 2,19$ à la Bourse de Toronto. Il s’agit d’une baisse de 0,18$ ou 7,59%, depuis un mois.
Pendant la même période, l’action de Boeing a grimpé de 9,24%, ou de 21,89$US. Elle se négociait à 257,93US à 30 minutes de la fermetures à la Bourse de New York.
