Un remède qui tue le patient

Publié le 01/06/2009 à 00:00

Un remède qui tue le patient

Publié le 01/06/2009 à 00:00

Le capitalisme en prend pour son rhume. On se croirait revenu aux années 1970, quand les groupuscules de gau-chistes fleurissaient partout en Occident et en appelaient à la révo-lution contre le "grand capital". À cette exception près que la critique est omniprésente dans des publications aussi vénérables que le New York Times, le Financial Times et Newsweek.

Pourtant, on constate que ce sont des créations gouvernementales comme les banques centrales, les agences publiques de prêts hypothécaires (Freddy Mac et Fannie Mae aux États-Unis) et les programmes d'accès à la propriété pour les personnes défavorisées qui ont créé la bulle du crédit, puis celle de l'immobilier qui a fragilisé le système financier international. Et, malheureusement pour nos épargnes et nos portefeuilles, nos gouvernements sont en train de tuer le patient en lui administrant des remèdes qui s'inspirent de Keynes.

Quant au patient lui-même (le système capitaliste), on ne peut pas dire qu'il n'a pas rempli sa mission au cours des 30 dernières années. De 1980 à 2007, par exemple, le PIB mondial a connu une croissance de 145 %, soit un taux fort respectable d' environ 3,4 % par an.

À défaut de tuer la poule aux oeufs d'or, nos gouvernements la mettent en cage pour le moment, et cela risque de nous faire très mal. Quand l'État se mêle de prendre la relève du secteur privé et qu'il dépense sans compter - comme ce fut le cas aux États-Unis durant les années 1930 ou au Japon pendant les années 1990 -, il fait d'une récession qui devrait normalement durer deux ou trois ans une dépression qui durera 10 ans.

C'est exactement ce à quoi nous assistons aujourd'hui, notamment aux États-Unis et en Europe. Plutôt que de laisser le système se purger des éléments (grandes banques, compagnies d'assurance, constructeurs automobiles, etc.) qui ont fait les mauvais choix et de montrer du doigt leur incom-pétence, le gouvernement américain s'em-presse de sauver des firmes, qui dans les faits, ont parasité le système. L'administration Obama se prépare à faire voter des lois pour mieux contrôler le régime de soins de santé, l'industrie de l'automobile, les pharmaceutiques et, bien sûr, la finance ; elle veut accorder plus de pouvoirs aux organisations syndicales, augmenter les impôts des riches (un dur coup pour l'entrepreneuriat américain) et aider les propriétaires insolvables de maisons, et elle n'hésitera pas à rétablir le protectionnisme si les capitaines d'industrie et les travailleurs le réclament pour sauvegarder leurs entreprises et leurs emplois.

Je pense que l'investisseur canadien devrait se tenir loin du marché boursier américain au cours des prochains mois, si-non de la prochaine année. Il devrait favo-riser les actions d'entreprises canadiennes et surveiller de près la politique américaine pour voir jusqu'où l'administration Obama ira avec ses politiques interventionnistes.

À moins, bien sûr, que le patient (le capitalisme américain) ne sorte de sa torpeur plus tôt que prévu et ne dise à son médecin (l'État américain et sa banque centrale) qu'il en a assez de ce remède de cheval qui finira par le tuer.

andre.gosselin@transcontinental.ca

La moyenne du capitalisme

La moyenne du capitalisme Même en supposant une dépression qui ferait chuter la production mondiale de 10 % entre 2008 et 2010, la richesse de la planète aura crû de 120 % entre 1980 et 2010, et les revenus par habitant auront augmenté de 40 %.

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