Dernièrement, une copine me demandait en quoi un placement boursier pouvait générer un intérêt composé. Je comprends le concept de l'intérêt composé pour les placements qui réinvestissent automatiquement dans le capital les intérêts ou les gains faits durant l'année, mais dans le cas de la Bourse, comment cela s'applique-t-il ?
- Pierre-Luc
C'est une question intéressante, car elle est à la base du pouvoir de la Bourse de créer de la valeur.
D'abord, le concept d'intérêt composé suppose que les revenus d'intérêts sont réinvestis au même taux. Par exemple, vous faites un placement de 1 000 $ à un taux de 5 % par année. Après un an, vous vous retrouvez avec un capital de 1 050 $, et le 5 % de la deuxième année s'appliquera sur ces 1 050 $. Donc, à la fin de cette deuxième année, vous aurez 52,50 $ en intérêt. À long terme, il s'agit d'un puissant moteur d'enrichissement.
À la Bourse, le concept des intérêts composés s'applique un peu différemment. Prenons un exemple simple : votre entreprise réalise un bénéfice de 15 millions de dollars (M$) cette année. Celui-ci s'ajoute aux bénéfices de 100 M$ réalisés au fil des ans que l'entreprise n'a pas versés en dividende (ce qu'on appelle les bénéfices non répartis). L'année suivante, elle a 15 M$ de plus de capital à sa disposition. Si elle reste aussi rentable, ses bénéfices devraient augmenter parce qu'elle fera fructifier plus de capital.
Si on suppose qu'elle avait un avoir des actionnaires de 150 M$ au début de 2009 (soit les bénéfices non répartis et le capital-actions de 50 M$), son bénéfice de 15 M$ représente un rendement de l'avoir de 10 % (15/150). Avec ce même rendement, son bénéfice atteindra 16,5 M$ l'an prochain (10 % de 150+15), gonflant son avoir à 181,5 M$. Un tel rendement pendant 10 ans portera son avoir à 389 M$. Ce qui veut dire que, la onzième année, son rendement de 10 % lui procurera un bénéfice de 38,9 M$.
Trois facteurs doivent être réunis pour que l'effet des intérêts composés enrichisse l'actionnaire. D'abord, plus la part des bénéfices versée en dividende est élevée, moins la société profite des intérêts composés. Deuxièmement, l'entreprise doit maintenir sa rentabilité au fil des ans. Enfin, il est préférable que le nombre d'actions en circulation n'augmente pas.
Les actions REA II doivent être conservées dans le régime au moins deux ans
Est-ce qu'on peut acheter des actions admissibles au programme REA II à l'intérieur d'un REER autogéré ? Si oui, je présume que ça donne droit à un double crédit d'impôt.
- C. Lafontaine
Non, vous ne le pouvez pas. Les actions achetées dans le cadre du RÉA II doivent être conservées dans ce régime pour la période prescrite, soit deux ans après l'année d'acquisition.
Après, vous pouvez les transférer dans votre compte REER autogéré. Cela sera une cotisation REER admissible à une déduction fiscale. N'oubliez pas que, lorsque vous transférez des actions vers un REER, le gain en capital est imposable et la perte ne peut pas servir à réduire des gains.
Transfert d'une rente CARRA dans un CRI (bis)
Dans notre numéro du 16 mai, j'ai répondu à un lecteur qui demandait s'il était avantageux de transférer le montant de la rente de son régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) dans un compte de retraite immobilisé (CRI). J'ai mis l'accent sur le fait que la décision dépend de plusieurs facteurs, dont le rendement du CRI. Plusieurs lecteurs m'ont écrit pour me faire valoir d'autres facteurs importants.
Premièrement, le RREGOP n'autorise plus le transfert du capital à partir de 55 ans.
Le RREGOP est un régime à prestations déterminées, ce qui signifie que le montant des prestations ne varie pas selon des rendements annuels des fonds déposés auprès de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
La rente est plutôt calculée en fonction de dispositions prévues dans les lois et règlements. Elle est basée sur des facteurs comme l'âge, le salaire et le nombre d'années de service du bénéficiaire. La rente sera pleinement indexée entre la fin de l'emploi et la date où vous commencerez à la recevoir.
Par ailleurs, il faut également évaluer la situation une fois à la retraite. Par exemple, si on transfère l'argent dans un CRI et puis, à la retraite, dans un fonds de revenu viager (FRV), les sommes obtenues du FRV ne pourront pas être fractionnées avant l'âge de 65 ans.
Également, avant 65 ans, on ne pourra pas réclamer au fédéral le crédit pour revenu de pension, car ce crédit n'est pas accordé avant 65 ans pour les retraits d'un régime enregistré, mais il l'est pour les rentes d'un fonds de pension (comme le RREGOP). Ces deux facteurs favorisent le maintien de l'argent dans le RREGOP.
Enfin, une personne ayant de bonnes sources de revenus autres que sa rente RREGOP pourrait trouver avantageux d'utiliser le CRI pour gérer de façon plus autonome le décaissement de ses épargnes tout en ayant la possibilité de transférer le capital en franchise d'impôt au conjoint advenant son décès.
Il y a donc de nombreux facteurs personnels, financiers et fiscaux à considérer.
Merci à George Frangedakis, conseiller chez T.E. Mirador, de sa collaboration.
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